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Dallemagne ou d’Allemagne ?

23 janvier 2012, par Pascal

Il y a toujours eu des ancêtres de Marie-Louise Marchand vivant à Virignin. Parmi les plus anciens, figurent des Dallemagne.

Quelle relation ont ces Dallemagne avec le général de division né à Peyrieu ?

Ont-ils un lien avec la baronnie d’Allemagne en Provence et les huguenots qui se sont illustrés pendant les guerres de religion ?



Des ancêtres à Virignin

Des ancêtres de Marie-Louise Marchand ont toujours vécu à Virignin. Parmi les plus anciens, figurent des Dallemagne.

C’est ainsi que l’arrière-grand-père de Louise Molliard, épouse de Joseph Marchand était Joseph Cotter dit Gibaud qui avait épousé Jeanne Dallemagne en 1772 à Virignin (voir dans l’arbre ci-dessous).

Le grand-père de Jeanne était Jean-François Dallemagne, maître charpentier de Virignin. Dans la rubrique Généalogie de ce site, on a reproduit le testament de Jean-François Dallemagne, tel qu’il a été écrit le 6 décembre 1723 par le notaire royal Truchard-Dumoulin de Virignin.

L’acte de baptême de Jean-François (1662) indique qu’il est le fils de Benoît Dallemagne et de Bertholomioz Gonnet. Les actes paroissiaux ne permettent pas de remonter plus haut.


Claude Dallemagne, général de division

Sa vie

Blason de Claude Dallemagne
Blason de Claude Dallemagne
Sont représentés la forteresse d’Ehrenbreitstein (...)

Pas bien loin de Virignin, à Peyrieu, naissait en 1754 Claude Dallemagne...

Vétéran de la guerre d’indépendance américaine où il s’était particulièrement illustré au siège de Savannah en Géorgie le 9 octobre 1779 et avait été promu sergent, il devint général de division en 1796.

Il fut député de l’Ain à partir de 1802 et fut élevé au rang de baron de l’Empire cinq jours avant sa mort.

L’ascendance du général

Son père Balthazard Dallemagne, fils d’Anthelme et de Françoise Mercier, était régisseur des biens de la commanderie du Temple d’Acoyeu.

Anthelme était fils de Pierre et de Claudine Julliard.
Il a laissé un testament intéressant qui met en lumière comment, à l’époque, était constituée la dot d’un fils entrant en religion.

Pierre était lui-même fils de Pierre. Les actes paroissiaux ne permettent pas de remonter plus haut.


La commanderie d’Acoyeu

La maison du Temple d’Acoyeu [1], la plus ancienne du département de l’Ain, doit son origine au chapitre de Belley, qui en concéda l’emplacement aux frères de la Milice du Temple. Guillaume, évêque de Belley, en consacra l’église au mois de décembre 1149 et confirma la concession : « Campum videlicet de Malliaco in quo ecclesia de Cohiaco corumque edificia fundata sunt. »

Après la suppression de l’ordre du Temple en 1312 par le pape Clément V, Acoyeu fut donné aux Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem et rattaché à la commanderie de Chambéry.

Au 17e siècle, le commandeur y résidait ordinairement plutôt qu’à Chambéry, d’où le nom impropre de "commanderie" qu’a conservé la maison. Louis du Mesnil-Simon de Maupas, commandeur, y fit édifier, vers 1645-1650, une nouvelle habitation et trois nouvelles granges.

Un certain nombre d’archives concernant l’administration des commanderies ont été conservées, en particulier les "reconnaissances du Temple d’Acoyeu" qui permettent d’en savoir un peu plus sur les Dallemagne [2].

[brun clair]Pierre Dallemagne[/brun clair], né avant 1540 est le premier membre de la famille apparaissant de façon certaine. Régisseur de la commanderie d’Acoyeu, il était aussi propriétaire de terres sur les paroisses de Peyrieu et Saint Blaise. Son nom est mentionné dès 1540 dans les reconnaissances de la commanderie. Il laissa trois fils qui vivaient en 1577 à la commanderie d’Acoyeu : Claude, Étienne et Michel. [brun clair]Claude Cugnet Dallemagne[/brun clair] se distinguait par cette dénomination de "Cugnet" qu’on ne trouve pas pour ses frères.

Le fils de Claude, [brun clair]Pierre Cugnier d’Allemagne[/brun clair] (1602 - 1672) était praticien de Furans, paroisse de Saint Blaise [3]. Propriétaire aisé de Chantemerle, il y possédait une maison et des granges. Il exploitait ses propres terres ainsi que d’autres appartenant à la commanderie, prises à bail par une reconnaissance signée auprès du commandeur, en échange d’une "dizaine de bichettes d’avoine et de 8 deniers payables chaque année à la Saint-Michel".

Peut-on raccorder les deux branches ? Cela repose sur la réponse que l’on donne à la question suivante : Benoît, père de Jean-François, est-il aussi le Benoît, fils d’Antoine, le frère de Pierre Cugnet Dallemagne ?

Les origines de la famille d’Allemagne

La famille d’Allemagne serait originaire de Provence [4]. Des cadets de cette famille se seraient, au fil des siècles, établis en Auvergne et en Bugey.

Le château d’Allemagne

Allemagne-en-Provence est un village de 512 habitants dans le parc naturel régional du Verdon à 19 km de Manosque.

Château d’Allemagne
Photo de David Monniaux sur Wikipedia

La terre d’Allemagne (aujourd’hui Allemagne-en-Provence) était autrefois seigneurie de l’ancien diocèse de Riez. Elle appartint aux Castellane du 13e au 15e siècles, puis aux Oraison.

Au 13e siècle, le château d’Allemagne était un fort qui fut agrandi et restauré pendant le 16e siècle en un magnifique château Renaissance à cinq niveaux, comptant près de 600m², un donjon de 25 mètres, cinq tours à meurtrières et de superbes jardins.

Un épisode des guerres de religion en 1586

En août 1586, le capitaine ligueur Hubert de Vins assiégea le château d’Allemagne où la baronne se trouvait seule avec la garnison commandée par le seigneur d’Espinouse. Elle résista seize jours et donna ainsi à son mari le temps d’accourir avec l’armée protestante.

Celui-ci arriva début septembre avec l’appui de Lesdiguières. Arrivé aux environs d’Allemagne, Lesdiguières s’empara des hauteurs et manqua de peu l’encerclement des troupes ligueuses. De Vins abandonna alors le siège qui durait depuis seize jours. Le combat s’engagea le 5 septembre 1586. Le baron d’Allemagne engagea l’action à la tête des volontaires. Les Ligueurs réussirent à s’ouvrir un passage vers Riez où ils s’abritèrent, poursuivis par les Huguenots. Un des derniers coups d’arquebuse frappa le baron d’Allemagne à la tête et le tua sur le pont de son château. Ce fut néanmoins une importante victoire protestante : les Ligueurs perdirent un millier d’hommes (tués, blessés et prisonniers). On rapporte que la plus grande partie des prisonniers furent égorgés à la nouvelle de la mort du baron d’Allemagne.

Blason d’Allemagne
Blason d’Allemagne
Blason écartelé
Blason écartelé

La branche du Bugey

La branche aînée de la famille, restée en Provence, s’éteignit avec [brun clair]Alexandre de Varages d’Allemagne[/brun clair] qui fit son testament en faveur de [brun clair]Paul Jean François Anthelme d’Allemagne[/brun clair], petit-fils du général Claude Dallemagne [5].

Il lui demanda également de reprendre ses armes "d’azur à deux lions affrontés d’or soutenant une étoile du même" pour perpétuer le souvenir de leur commune origine.

Paul écartela ses armes avec celles des Varages pour arriver au blason représenté ci-contre.

Pierre Dallemagne

Claude Cugnier Dallemagne /1570-1624/1630
propriétaire et régisseur de la commanderie d'Acoyeu

Claude Dallemagne
°1754 Peyrieu +1813 Nemours
général de division

Balthazard Dallemagne +1772
régisseur des biens de la Commanderie d'Acoyeu
x Marie La Salle

Anthelme Dallemagne °1672 Brens
x Françoise Mercier

Pierre Dallemagne °1630 +1700 Virignin
fermier d'Acoyeu
x Claudine Julliard

Pierre Dallemagne
~1620-1692

Jeanne Dallemagne +1804 Virignin
x Joseph Cotter +1772 Virignin

Joseph Dallemagne °1697 Virignin
x 1725 Marie Guillermin

Jean François Dallemagne °1662
maître-charpentier à Virignin
x 1693 Benoite Boget

Benoît Dallemagne °~1634
x Bertholomioz Gonet

  • ?

Antoine Dallemagne +~1673 Peyrieu
x Clauda Henry

[1L’orthographe a varié entre Acoyeu et Accoyeux, Cohiacus en latin.

[2d’après des citations du livre d’A. Euverte (Histoire et généalogie de la famille d’Allemagne, en Bugey)

[3D’après Bernard Bourée

[4On écrit Dallemagne avec une apostrophe si on admet cette origine supposée. Le général Dallemagne s’est toujours refusé à écrire son nom avec une apostrophe (référence à retrouver).

[5Paul Jean François Anthelme d’Allemagne était camérier secret du pape, grand croix de St Grégoire le Grand, grand officier des ordres de Pie IX et du St Sépulcre et commandeur de St Sylvestre (excusez du peu !).


Article mis à jour le 6 octobre 2021