Le site de Madeleine et Pascal

Suse

Six mille ans d’histoire
9 juin 2012, par Madeleine, Pascal

Suse se trouve sur la voie reliant la basse Mésopotamie et le plateau iranien à travers les monts du Zagros. Elle est au cœur d’une plaine, irriguée par la rivière Karkheh, qui débouche sur le Golfe persique. Le site de Suse fut peuplé à partir de la fin du Ve millénaire avant notre ère, parallèlement aux cités mésopotamiennes. Une civilisation originale s’y est cependant développée et c’est comme capitale du royaume d’Elam que Suse joua son plus grand rôle, aux IIe et Ier millénaires. On y trouve aussi des vestiges célèbres de l’époque achéménide : un palais de Darius Ier qui fit de Suse l’une de ses capitales.

Les fouilles et l’histoire de Suse

Le château des archéologues
Construction de la fin du XIXe siècle, dans le style omanais.

Les archéologues français s’intéressent au site à partir de 1890. La région étant mal contrôlée par le pouvoir qadjar, la mission française fait construire un château pour abriter les équipes d’archéologues et le produit des fouilles. Les méthodes employées à l’époque visent surtout à collecter des objets prestigieux pour enrichir les collections françaises. Le tell de Suse est alors excavé par une vaste tranchée avec l’objectif d’atteindre un sol vierge : à 35 mètres de profondeur, on découvre les plus anciens niveaux d’occupation, datés de la fin du Ve millénaire. Le mobilier trouvé dans les tombes témoigne en particulier d’une remarquable poterie peinte à décor stylisé :

  • Boisseau aux bouquetins
    Musée du Louvre
  • Coupe à décor d’animaux peignes et de croix (...)
    Musée du Louvre
  • Coupe à décor de croix de Malte, triangles et (...)
    Musée du Louvre
  • Jarre aux capridés
    Musée du Louvre
Tablette de comptabilité
Tablette de comptabilité
Fouilles de Suse Musée du Louvre La tablette (...)

Les archéologues du milieu du XXe siècle poursuivent et reprennent les fouilles avec des méthodes tendant à établir une stratigraphie et à relever les plans des édifices. Dans les années 1960-70 sont découvertes les bulles d’argile scellées renfermant des formes d’argile associées à des nombres ou calculi, légèrement plus récentes que celles de Sumer. Elles ont permis d’établir le processus de comptabilité d’échanges qui a conduit à l’écriture  : des signes numéraux sont utilisés pour le dénombrement, tandis que d’autres signes désignent ce qui est compté.


L’emprise mésopotamienne s’estompe au cours du IIIe millénaire au profit de l’influence élamite : une dynastie de souverains qui s’intitulent rois d’Anzan et de Suse met fin à la domination des dynasties d’Ur. Plusieurs dynasties élamites vont se succéder, dont celle du roi Untash-Napirisha, constructeur de la ziggurat de Choqâ Zanbil, puis celle des Shuttrukides.

  • Tête funéraire élamite
    Fouilles de Suse Musée du Louvre
  • L’homme à la main d’or
    Ce personnage porte une tiare à cornes dans le (...)
  • Statue en bronze de Napirasu, femme du roi (...)
    Fouilles de Suse, musée du Louvre
  • Inscription en akkadien
    Fouilles de Suse Musée du Louvre L’inscription (...)

Le roi Shutruk-Nahunte renverse en 1158 la dynastie kassite de Babylone et rapporte à Suse un butin exceptionnel :

Au début du Ier millénaire, l’Elam décline face à l’empire assyrien : Assurbanipal prend Suse en 646 av. J.-C. La région sera rapidement conquise en 540 av. J.-C. par Cyrus II, fondateur de l’empire perse.

Son successeur Darius Ier fait édifier un palais décoré de frises de griffons et de sphinx, dans le style babylonien. Il comporte en particulier une salle d’audiences sous colonnes ou apadana. En 1972, on exhume à Suse une statue de Darius de facture égyptienne conservée aujourd’hui au musée de Téhéran.

  • Statue de Darius
    Musée de Téhéran. Cette statue fut réalisée en (...)
  • Lion ailé
    Palais de Darius à Suse Musée du Louvre
  • Chapiteau de l’Apadana de Darius
    Musée du Louvre
  • Rhyton en argent décoré d’or
    Musée du Louvre
  • Anse de vase en forme de bouquetin ailé
    Musée du Louvre

La culture élamite ne fut pas immédiatement abandonnée : les souverains achéménides continuèrent à utiliser l’écriture élamite, à côté du vieux-perse, dans leurs inscriptions rupestres. Cette écriture apparaît aussi dans plusieurs milliers de textes comptables découverts à Persépolis.

Suse fut encore habitée aux époques séleucide, parthe, sassanide puis musulmane. L’existence d’un tombeau du prophète Daniel permit de maintenir sa mémoire au-delà du XIIe siècle, date à laquelle les traces d’occupation disparaissent.

Le site aujourd’hui

Chapiteau de l’Apadana
Sur le dos, une large encoche pour engager la poutre soutenant la toiture.

Compte tenu du fait que la plupart des constructions étaient en brique crue et qu’elles n’ont pas fait l’objet d’une protection particulière, le site est peu spectaculaire aujourd’hui.

  • La première tranchée
    À gauche, le témoin de profondeur (35 mètres).
  • Le témoin de profondeur
    Ce témoin signale l’épaisseur de 35 mètres qui a (...)
  • Sondages et tranchée
    Milieu du XXe siècle
  • Arrivée dans la zone du palais de Darius
  • Reconstitution de murs dans le secteur du (...)
  • Base de colonne du palais de l’Apadana
  • La salle sous colonnes du palais de Darius
  • Restauration des murs sur la base des (...)
    Au fond, le château des archéologues.

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Article mis à jour le 16 mai 2021