Abarqu est une petite ville située sur le haut plateau iranien, dans une région de steppe du sud de la province de Yazd. Elle fut une étape sur la route des caravanes reliant l’Asie centrale, la Chine et l’Inde, d’une part, au Golfe persique et à la Méditerranée, d’autre part. Son importance décrut avec l’ouverture des routes maritimes par les Portugais.
À proximité de la ville se trouve un mausolée d’époque seldjoukide.
Le cyprès d’Abarqu est un arbre dont l’âge est estimé à 4500 ans. Il mesure 25 mètres de haut et le périmètre de son tronc est de 11,5 mètres. Selon la légende, il aurait été planté par le prophète Zoroastre, d’où son nom de cyprès de Zoroastre.
Le cyprès est un symbole religieux très ancien, présent dès l’époque achéménide : il apparaît, très finement représenté, sur plusieurs bas-reliefs de Persépolis.
Le cyprès est aussi une image essentielle de la poésie persane : pour décrire la stature élancée de leur bien-aimée, les poètes comparaient son allure à celle d’un cyprès.
Ma taille et le cyprès ont des formes idéales ;
Ma joue et la tulipe semblent deux rivales ;
Je suis belle, mais jamais je n’ai compris
L’éternité sans origine qui me fit si sculpturale.
Omar Khayam, Rubayat
Le cyprès constitue enfin un élément remarquable de certains tapis persans.
Dès le IVe siècle av. J.-C., les architectes perses maîtrisaient une technique permettant de conserver de la glace en plein été dans le désert. La glace était amenée des montagnes environnantes pendant l’hiver et stockée dans un réfrigérateur naturel en forme de dôme semi-enterré. Cet édifice pouvait aussi être relié à un canal enterré ou qanat amenant, en hiver, de l’eau froide qui gelait la nuit. Le yakh-chal possédait parfois une tour à vent ou badgir permettant de rafraîchir l’enceinte pendant l’été.
Les murs de pisé du yakh-chal, épais d’au moins deux mètres à la base, résistaient bien aux transferts thermiques.
Parmi les yakh-chal qui subsistent aujourd’hui, nombreux sont ceux qui ont été construits il y a des centaines d’années.
Aux portes d’Abarqu, le Gonbad-e Ali domine la plaine. Cette tour funéraire édifiée en 1056 est d’époque seldjoukide. De forme octogonale, elle est surmontée d’un dôme. Contrairement à la plupart des édifices de cette période qui sont en briques, celui-ci est en pierres appareillées par un mortier.
La décoration du monument se réduit à deux épigraphies de brique en écriture coufique, l’une au-dessus de l’entrée et l’autre sous trois séries de muqqarnas, à la base de la coupole. Elles indiquent que l’édifice fut construit en 448 de l’Hégire (1056 de l’ère chrétienne) par un certain Firouzân en tant que monument funéraire pour son père Amir Shams al-Dowleh Hazarasp. Une autre épigraphie placée à l’intérieur fait allusion à sa mère.
La tradition iranienne des tours funéraires situées dans des lieux isolés pourrait être issue de la pratique zoroastrienne du décharnement sur les tours du silence.