Célèbre par ses décors de brique et céramique émaillées, la mosquée bleue de Tabriz (Masjed-e Kabud ou Masjed-e Mozzaffariya) est considérée comme l’édifice le plus important de l’architecture turkmène.
On désigne sous le nom de Turkmènes les membres de tribus de Turcs Oghuz qui nomadisent au XIIIe siècle entre la mer Noire et la mer Caspienne [1]. Il en existe deux groupes : les Aq Qoyunlu ou "Moutons blancs" et les Qara Qoyunlu ou "Moutons noirs". Les Turkmènes se sédentarisent au cours du XIVe siècle et les Qara Qoyunlu s’établissent en Azerbaïdjan. Bien que très affaiblies par la conquête de Tamerlan, ces deux tribus joueront par la suite un rôle important dans l’instauration de la dynastie safavide.
Construite par un chef des Moutons noirs, Djahân Shâh, la mosquée bleue de Tabriz est datée de 1465 et faisait partie d’un grand complexe comprenant une citerne, un qanat et un khanaqah c’est-à-dire un lieu hébergeant des mystiques ou des soufis. Le mausolée destiné au souverain et à ses proches apparaît au premier plan sur la photo précédente, devant la mosquée proprement dite. Toutes les tombes ont disparu et on n’a trouvé que des traces de trois d’entre elles dans la crypte du mausolée.
Le plan de la mosquée, ci-contre, est inhabituel : il montre une grande salle sous coupole de 15 mètres de diamètre (2 sur le plan) entourée sur trois côtés de galeries sous de petites coupoles. Le mausolée 3 est à l’opposé du portail d’entrée 1. Il semble qu’il n’ait jamais été véritablement terminé.
La mosquée fut gravement endommagée par un tremblement de terre au XVIIIe siècle et laissée en ruines pendant 150 ans. Son état actuel résulte de diverses restaurations.
Les vestiges du décor ne donnent qu’une pâle idée de ce que devait être l’apparence extérieure de la mosquée et du mausolée annexé à celle-ci.
Les plus beaux décors extérieurs sont ceux du portail : réalisés en mosaïque de céramique, ils sont considérés comme très représentatifs du style turkmène.
Les décors intérieurs à base de briques émaillées sont également remarquables.
Des tuiles hexagonales bleu cobalt décorées à l’or couvraient à l’origine les murs et la coupole du mausolée.
[1] Il s’agit plus précisément des Turcomans, le terme Turkmènes étant en toute rigueur réservé aux Oghouz établis dans l’actuel Turkménistan. Nous gardons cependant le terme Turkmènes, improprement consacré par l’usage.