Le site de Madeleine et Pascal

Le château de Prague

5 avril 2020, par Madeleine, Pascal

Le château de Prague est un édifice complexe, ensemble de bâtiments d’époques diverses dont les deux plus célèbres sont la cathédrale Saint-Guy et l’église Saint-Georges.

Le château occupe un oppidum habité dès le néolithique : en 1980, des fouilles y ont révélé la présence d’un habitat de la culture de la céramique cordée [1]. Le site possède en effet des défenses naturelles : outre la rivière, des pentes abruptes, tant vers Malá Strana, au sud, que vers le nord, en font un endroit facilement défendable.

La photo ci-dessous est prise depuis la rive droite de la Vltava. À l’horizon se profile la silhouette du château, dominée par les deux églises situées dans son enceinte : la cathédrale gothique Saint-Guy, en pierre ocre, et la basilique Saint-Georges dont on aperçoit les deux tours romanes de couleur plus claire.

Depuis la rive droite de la Vltava, vue vers le château de Prague

Aux origines du château

La cathédrale Saint-Guy, dominant les toits d’ardoise et de tuiles du château de Prague
La cathédrale Saint-Guy, dominant les toits d’ardoise et de tuiles du château de Prague

Dès 1928, des fouilles exhument une riche tombe du IXe siècle montrant la présence d’une élite guerrière sur les lieux, avant même que la dynastie des Přemyslides n’y établisse sa résidence, à la fin du IXe siècle.

Le duc Venceslas Ier de Bohème (vers 907-935), futur saint Venceslas, fait construire dans l’enceinte de la forteresse une église dédiée à saint Guy, en forme de rotonde : Prague devient un évêché en 972 et cette église deviendra le siège épiscopal. Vers 925 une deuxième église, dédiée à saint Geoges, est édifiée pour les sépultures des ducs de Bohème.

Le château de Prague
Le château de Prague

À cette époque, les murailles d’enceinte et le château proprement dit sont tous en bois. À la suite d’un conflit avec l’évêque, les ducs de Bohème quittent en 1067 leur résidence pour la forteresse du Vyšehrad, située sur l’autre rive, à une distance d’environ trois kilomètres. Ils y restent jusqu’en 1140 date à laquelle ils reviennent à leur palais primitif. Pendant ce temps, les murs de défense en bois du château ont été remplacés par des murailles de pierre et le palais ducal devient un palais de pierre une vingtaine d’années plus tard. L’église rotonde Saint-Guy est alors remplacée par une basilique romane à l’origine de la future cathédrale gothique Saint-Guy.

Résidence des chefs d’état à quasiment toutes les époques, le château sera modifié et réaménagé au fil des siècles. L’apparence extérieure du château proprement dit date du XVIIIe siècle mais sa structure d’ensemble reste liée aux remparts de la forteresse primitive.

  • Maquette du château
  • Relève de la garde : à gauche, le drapeau du (...)

La cathédrale Saint-Guy

Plan de la cathédrale Saint-Guy
Plan de la cathédrale Saint-Guy

En 1306, la dynastie des Přemyslides cède la place à celle des Luxembourg et l’évêché de Prague devient en 1344 un archevêché. Le roi Jean Ier de Bohème et son fils le futur Charles IV décident alors de la reconstruction de la cathédrale.

Tous deux connaissent bien la cour de France et les cathédrales du nord de la France. Charles s’adresse à un maître maçon rencontré à la cour du pape en Avignon : c’est Mathieu d’Arras qui travaillera au chantier de la cathédrale, dédiée aux saints Guy, Venceslas et Adalbert, depuis la pose de la première pierre, en 1344, jusqu’à sa mort en 1352. L’allemand Peter Parler, par ailleurs architecte du pont Charles et auteur du plan de la Ville nouvelle, lui succède comme premier-maçon de la cathédrale jusqu’en 1399. Ses fils entreprennent alors l’édification de la tour sud mais les guerres hussites mettent fin aux travaux dès 1420.

La façade sud, dans la troisième cour du château

La construction ne s’achèvera qu’au XXe siècle, en respectant les plans initiaux.

  • Le portail
  • La partie supérieure de la façade date du XIXe (...)
  • Entrée dans la cathédrale
  • Les voûtes nervurées de Peter Parler
  • Dans la nef, une statue de saint Adalbert, (...)
    Fondue à partir d’un modèle en plâtre de 1930, (...)
  • À la croisée du transept : vue vers l’entrée
  • Le collatéral sud et ses chapelles
  • Dans le transept nord, l’orgue rococo (1763) (...)
  • Entre chœur et transept sud
  • Les voûtes à la croisée du transept
  • À la croisée du transept : vue vers le (...)
  • Les vitraux du chœur
  • Les verrières du chœur, vues depuis le (...)

Un groupe de marbre a été édifié dans le chœur : trois gisants font face à l’autel.

Tombeaux de Ferdinand Ier de Habsbourg, de sa femme Anne Jagellon et de leur fils Maximilien II

Frère cadet de Charles-Quint, Ferdinand Ier de Habsbourg fut archiduc d’Autriche à partir de 1521, roi de Bohème par son mariage en 1526, puis empereur du Saint-Empire après l’abdication de son frère en 1556 et jusqu’à sa mort en 1564. Son fils lui succéda, de 1564 à 1576.

Le long du déambulatoire se succèdent d’autres tombeaux monumentaux.

  • Une chapelle latérale
  • Tombeau baroque (1736) de saint Jean Népomucène
  • Tombeau de saint Jean Népomucène
  • Tombeau de saint Jean Népomucène
  • Un autre tombeau baroque

La chapelle Saint-Venceslas est ornée de peintures murales représentant la vie du saint sur la partie haute et d’un parement de pierres semi-précieuses sur la partie basse.

  • La chapelle Saint-Venceslas
  • Décor de la partie inférieure
  • Le tombeau et le décor du soubassement à base (...)
  • Détail du décor surmontant l’autel

La rose et les vitraux de la nef datent du XXe siècle.

  • La rose de la façade, réalisée en 1928 avec (...)
  • La légende des saints Cyrille et Méthode : (...)
  • Détail du vitrail précédent
  • Vitrail de la porte sud
  • Détail du vitrail précédent
Détail d’un autre vitrail

La façade occidentale donne sur la vaste place qui constitue la troisième cour du château.

  • Dans l’angle sud-ouest de la place : les tours (...)
    En avant-plan, la colonne aux martyrs de la (...)
  • Vue d’ensemble de la façade occidentale
    À droite, on aperçoit le chevet.
  • La tour carrée et à sa droite, le portail sud (...)
  • La partie inférieure de la tour est gothique
  • La partie supérieure de la tour, à tourelles (...)
  • Une grille Renaissance dorée orne la fenêtre (...)
  • À droite, la Porte d’Or ouvre vers le transept (...)
  • La Porte d’or de Peter Parler
  • Au-dessus de la Porte d’or, une mosaïque du (...)
    Derrière cette mosaïque se trouve la chambre où (...)

L’église Saint-Georges

Sur la place Saint-Georges, la façade baroque de l’église et le portail de la chapelle Saint-Jean-Népomucène

Une première église Saint-Georges est édifiée vers 925 : elle abritera les sépultures de la maison des Přemyslides jusqu’en 1055. Vers 970 on lui ajoute un couvent de Bénédictines étroitement lié à la famille des ducs de Bohème : c’est son abbesse, membre de la famille régnante ou fille de la haute noblesse, qui couronne la reine de Bohème.

À la suite d’un incendie du château en 1142, l’église et le couvent sont reconstruits.

Dans l’église : le plan est celui d’une basilique à trois nefs

Le couvent perd de l’importance à l’époque hussite. Une façade baroque est ajoutée à l’église à la fin du XVIIe siècle, puis une chapelle dédiée à saint Jean-Népomucène. Le couvent sera supprimé sous l’empereur Joseph II.

  • Dans l’abside, le chœur est surélevé au-dessus (...)
  • Les baies des tribunes et leurs restes de (...)
  • Vue depuis le chœur, en direction de l’entrée (...)
  • En direction d’une chapelle latérale
  • La crypte accueille en particulier la tombe (...)
  • Retable de pierre sur l’autel de la crypte
  • Bas-relief de saint Georges terrassant le (...)

À travers le château, aujourd’hui

  • Sur la place des Hradčany : à gauche, le palais (...)
  • La cour d’honneur, séparée de la place des (...)
    Ceinte d’un ensemble de bâtiments baroques, (...)
  • L’entrée de la cour d’honneur ou première (...)
    Le bâtiment du fond s’appuie sur la porte de (...)
  • Au premier plan, la grille, ornée de statues (...)
    Au-delà de la porte de Matthias, à l’arrière-plan
  • Dans la troisième cour : au fond, le palais (...)
    Sur la place, un monolithe de granite érigé, (...)
  • La loggia rococo de la présidence de la (...)
  • Dans le vieux palais royal, la salle Vladislav
    Les voûtes, simplement décoratives, n’ont plus (...)
  • Dans la salle de la Diète des états de (...)
  • Réplique de la couronne des rois de Bohème
  • L’escalier des cavaliers
  • Dans la Ruelle d’Or
    Cette rue d’apparence médiévale dessert une (...)
Panorama depuis une loggia dominant la ville et la Vltava
Panorama depuis une loggia dominant la ville et la Vltava

Sur la vue panoramique qui précède, on peut identifier, de gauche à droite :

  • le cours de la Vltava qui, en aval de la ville, se dirige franchement vers l’est,
  • le théâtre du Rudolfinum et le pont Mánes,
  • les flèches jumelles de l’église Nptre-Dame du Týn, au cœur de la Vieille ville,
  • le dôme baroque de l’église Saint-François à l’entrée du pont Charles,
  • les tours gothiques qui marquent les extrémités du pont Charles,
  • au pied du château, la flèche de l’église Saint-Thomas de Malá Strana.
Alignement de loggias, le long de la façade qui domine la ville

C’est de la terrasse ci-dessus qu’eut lieu, en 1618, la seconde défenestration de Prague. Cet évènement dans lequel des parlementaires protestants de Bohème précipitèrent dans les jardins deux représentants impériaux marque le paroxysme de la fronde des nobles de Bohème contre la domination des Habsbourg. Conséquence des antagonismes religieux, économiques et politiques qui déchiraient l’Europe centrale au début du XVIIe siècle, cet incident fut l’une des causes immédiates de la guerre de Trente ans dans laquelle toute l’Europe fut impliquée.

[1Cette culture du néolithique final est datée de 3000 à 2000 av. J ;-C.


Article mis à jour le 12 avril 2020