Le château de Prague est un édifice complexe, ensemble de bâtiments d’époques diverses dont les deux plus célèbres sont la cathédrale Saint-Guy et l’église Saint-Georges.
Le château occupe un oppidum habité dès le néolithique : en 1980, des fouilles y ont révélé la présence d’un habitat de la culture de la céramique cordée [1]. Le site possède en effet des défenses naturelles : outre la rivière, des pentes abruptes, tant vers Malá Strana, au sud, que vers le nord, en font un endroit facilement défendable.
La photo ci-dessous est prise depuis la rive droite de la Vltava. À l’horizon se profile la silhouette du château, dominée par les deux églises situées dans son enceinte : la cathédrale gothique Saint-Guy, en pierre ocre, et la basilique Saint-Georges dont on aperçoit les deux tours romanes de couleur plus claire.
Dès 1928, des fouilles exhument une riche tombe du IXe siècle montrant la présence d’une élite guerrière sur les lieux, avant même que la dynastie des Přemyslides n’y établisse sa résidence, à la fin du IXe siècle.
Le duc Venceslas Ier de Bohème (vers 907-935), futur saint Venceslas, fait construire dans l’enceinte de la forteresse une église dédiée à saint Guy, en forme de rotonde : Prague devient un évêché en 972 et cette église deviendra le siège épiscopal. Vers 925 une deuxième église, dédiée à saint Geoges, est édifiée pour les sépultures des ducs de Bohème.
À cette époque, les murailles d’enceinte et le château proprement dit sont tous en bois. À la suite d’un conflit avec l’évêque, les ducs de Bohème quittent en 1067 leur résidence pour la forteresse du Vyšehrad, située sur l’autre rive, à une distance d’environ trois kilomètres. Ils y restent jusqu’en 1140 date à laquelle ils reviennent à leur palais primitif. Pendant ce temps, les murs de défense en bois du château ont été remplacés par des murailles de pierre et le palais ducal devient un palais de pierre une vingtaine d’années plus tard. L’église rotonde Saint-Guy est alors remplacée par une basilique romane à l’origine de la future cathédrale gothique Saint-Guy.
Résidence des chefs d’état à quasiment toutes les époques, le château sera modifié et réaménagé au fil des siècles. L’apparence extérieure du château proprement dit date du XVIIIe siècle mais sa structure d’ensemble reste liée aux remparts de la forteresse primitive.
En 1306, la dynastie des Přemyslides cède la place à celle des Luxembourg et l’évêché de Prague devient en 1344 un archevêché. Le roi Jean Ier de Bohème et son fils le futur Charles IV décident alors de la reconstruction de la cathédrale.
Tous deux connaissent bien la cour de France et les cathédrales du nord de la France. Charles s’adresse à un maître maçon rencontré à la cour du pape en Avignon : c’est Mathieu d’Arras qui travaillera au chantier de la cathédrale, dédiée aux saints Guy, Venceslas et Adalbert, depuis la pose de la première pierre, en 1344, jusqu’à sa mort en 1352. L’allemand Peter Parler, par ailleurs architecte du pont Charles et auteur du plan de la Ville nouvelle, lui succède comme premier-maçon de la cathédrale jusqu’en 1399. Ses fils entreprennent alors l’édification de la tour sud mais les guerres hussites mettent fin aux travaux dès 1420.
La construction ne s’achèvera qu’au XXe siècle, en respectant les plans initiaux.
Un groupe de marbre a été édifié dans le chœur : trois gisants font face à l’autel.
Frère cadet de Charles-Quint, Ferdinand Ier de Habsbourg fut archiduc d’Autriche à partir de 1521, roi de Bohème par son mariage en 1526, puis empereur du Saint-Empire après l’abdication de son frère en 1556 et jusqu’à sa mort en 1564. Son fils lui succéda, de 1564 à 1576.
Le long du déambulatoire se succèdent d’autres tombeaux monumentaux.
La chapelle Saint-Venceslas est ornée de peintures murales représentant la vie du saint sur la partie haute et d’un parement de pierres semi-précieuses sur la partie basse.
La rose et les vitraux de la nef datent du XXe siècle.
La façade occidentale donne sur la vaste place qui constitue la troisième cour du château.
Une première église Saint-Georges est édifiée vers 925 : elle abritera les sépultures de la maison des Přemyslides jusqu’en 1055. Vers 970 on lui ajoute un couvent de Bénédictines étroitement lié à la famille des ducs de Bohème : c’est son abbesse, membre de la famille régnante ou fille de la haute noblesse, qui couronne la reine de Bohème.
À la suite d’un incendie du château en 1142, l’église et le couvent sont reconstruits.
Le couvent perd de l’importance à l’époque hussite. Une façade baroque est ajoutée à l’église à la fin du XVIIe siècle, puis une chapelle dédiée à saint Jean-Népomucène. Le couvent sera supprimé sous l’empereur Joseph II.
Sur la vue panoramique qui précède, on peut identifier, de gauche à droite :
C’est de la terrasse ci-dessus qu’eut lieu, en 1618, la seconde défenestration de Prague. Cet évènement dans lequel des parlementaires protestants de Bohème précipitèrent dans les jardins deux représentants impériaux marque le paroxysme de la fronde des nobles de Bohème contre la domination des Habsbourg. Conséquence des antagonismes religieux, économiques et politiques qui déchiraient l’Europe centrale au début du XVIIe siècle, cet incident fut l’une des causes immédiates de la guerre de Trente ans dans laquelle toute l’Europe fut impliquée.
[1] Cette culture du néolithique final est datée de 3000 à 2000 av. J ;-C.