Deir el-Medineh est le nom arabe d’un village où résidait la confrérie des artisans chargés de construire les tombeaux et les temples funéraires des pharaons et de leurs proches durant le Nouvel Empire.
Son nom antique peut se traduire par La Place de vérité à l’occident de Thèbes tandis que le nom arabe, Deir el-Médineh, signifie Le couvent de la ville. En effet, à l’époque de la conquête de l’Égypte par les Arabes, le temple du village avait été converti en monastère chrétien depuis le Ve siècle.
Les ouvriers et artisans qui habitaient à Deir el-Medineh étaient chargés du creusement et de la décoration des tombes de la Vallée des Rois et de la Vallée des Reines. Ils résidaient dans un village dont ils ne pouvaient sortir puisqu’ils détenaient, de par leur travail, des secrets qui ne devaient pas être divulgués concernant la localisation des tombeaux et leur contenu.
Dans les collines qui entourent le village de Deir el-Médineh, les tombes sont celles des artisans qui vivaient là. À proximité immédiate de leurs habitations, ils ont construit leurs propres tombes, relativement modestes si on les compare aux tombeaux royaux.
Sennedjem était un maçon. Il vécut sous le règne de Séthi Ier et mourut vers l’an II du règne de Ramsès II (XIXe dynastie). Ce n’était donc pas un personnage de haut rang mais il était certainement très qualifié dans le creusement des tombes. Il a pu se faire aider par d’autres artisans pour le programme iconographique très élaboré et la décoration de sa tombe.
Sennedjem a partagé sa maison d’éternité avec sa femme, leurs enfants et petits-enfants. Ils y ont reposé pendant plus de trois millénaires puisque la tombe fut découverte, inviolée, en 1886 et ouverte vers 1920. Elle contenait vingt momies dont neuf dans de très beaux sarcophages.
Le caveau proprement dit se situe à plus de huit mètres sous la surface de la cour, dans une pièce voûtée rectangulaire mesurant environ 5 mètres de long et 2,60 mètres de large.
Sur la photo précédente, la barque solaire vogue, entourée de deux grands singes cynocéphales. Un dieu solaire à tête de faucon est assis au centre de la barque, la tête surmontée d’un disque solaire entouré d’un uraeus. Il tient une croix de vie. Le texte le désigne du nom de Rê-Horakhty-Atoum, maître des Deux-Terres, Khépri évoquant ainsi les différentes phases de la vie solaire : l’astre naît à l’est sous forme du scarabée Khépri, il est Rê-Horakhty au zénith et c’est en Atoum qu’il se couche à l’ouest. Atoum relance alors le cycle pendant la nuit, séjour nocturne de l’astre dans un monde souterrain qui est à l’image de l’au-delà où le défunt renaîtra.
La photo qui suit représente la partie inférieure du même mur. Au registre supérieur, les époux font face aux dieux assis. Avant de pouvoir être jugé, Sennedjem doit montrer qu’il les connait en les nommant. Les registres inférieurs à caractère champêtre illustrent l’arrivée des défunts dans les Champs d’Ialou, un endroit de l’au-delà où parviennent les morts qui ont franchi toutes les étapes. Tous deux sont en train d’y moissonner et d’y labourer dans leurs habits de fête.
Les photos suivantes sont des scènes ou parties de scènes figurant sur les parois latérales du caveau.
Enfin, ci-dessous sur le mur du fond, deux chacals représentant Anubis sont allongés sur une représentation de la tombe. Ils protègent les portes de l’au-delà sous le regard bénéfique de deux yeux oudjat.
Inherkha vécut sous les règnes de Ramsès III et Ramsès IV. Désigné comme Serviteur du Maître du Double Pays dans la Place de Vérité, il était le chef des ouvriers qui œuvraient dans les tombes royales.
Son tombeau, caractéristique de la XXe dynastie, est illustrée de scènes du Livre des Morts et du Livre des Portes ainsi que de diverses représentations du monde souterrain.
La photo ci-dessus est prise en descendant vers le caveau. On distingue, entre les spirales dorées, la tête d’un bovidé. On y reconnaît plus particulièrement le taureau Apis au fait que sa tête, surmontée du disque solaire, présente les signes caractéristique de la divinité : un pelage noir et une touffe de poils blancs en forme de triangle pointe en bas sur le front.
Ci-dessous, le soleil levant apparaît entre deux collines : c’est la représentation symbolique du concept d’horizon. En dessous est accrochée un croix de vie ou ankh.
L’horizon est encadré par deux lions qui se tournent le dos, matérialisation de hier et demain.
Amennakht, son fils Nebenmaât et son petit-fils Khaemter disposent de trois tombes voisines qui bénéficient de parties communes et de trois chapelles de surface contiguës. Ces trois tombes de la XIXe dynastie découvertes à la fin du XIXe siècle mais ouvertes seulement en 1928 ne sont accessibles au public que depuis 2016. Nous visitons la tombe d’Amennakht qui dispose de deux caveaux.
Les habitants du village disposaient d’un petit temple. Construit en même temps que le village, au début de la XVIIIe dynastie, il fut modifié à plusieurs reprises avant d’être totalement détruit et reconstruit sous le règne de Ptolémée IV Philopator.
La photo précédente montre que l’entrée du temple n’est pas constituée d’un pylône comme dans les grands temples classiques.
Le temple se trouve au milieu d’une grande cour entourée d’un mur en briques crues qui protégeait, outre le temple, des communs, des entrepôts et des lieux de culte secondaires. C’est dans cette cour, qu’à l’époque chrétienne, un monastère, deir en arabe, s’installa, ce qui préserva le temple des dégradations ultérieures.
Le temple, de taille modeste, comporte, à partir de l’entrée
L’une des chapelles est dédié plus spécialement à Sokar. Sokaris est un dieu très ancien de Memphis, version déifiée du concept de séparation de l’âme et du corps après la mort, opération rendue possible par le rituel de l’ouverture de la bouche. À Memphis, il fut rapidement assimilé au dieu funéraire Ptah. Puis au Nouvel Empire il devint Ptah-Osiris-Sokar par assimilation à un autre dieu funéraire : Osiris.
La barque précédente illustre le passage en bateau du défunt dans les Champs d’Ialou, endroit de l’au-delà où les âmes justes viennent se reposer si elles ont franchi toutes les épreuves de la mort. La proue de la barque de Sokar est ornée d’une tête d’antilope.
Cette chapelle comporte une scène, connue sur les papyrus mais très rare dans un sanctuaire : c’est la pesée du cœur. Le résultat de la pesée définissait si le défunt était apte ou non à entrer dans le royaume des morts.
Les autres chapelles, dédiées l’une à Hathor et l’autre à Amon-Rê-Osiris, sont ornées de scènes d’offrandes à diverses divinités. Le programme iconographique y est à peu près le même mais la divinité principale diffère.