En s’éloignant du centre moderne et en allant vers l’Hôtel de Ville, on traverse d’anciens quartiers établis sur le site du forum de la ville romaine d’Augusta Taurinorum.
Ces rues, situées à l’ouest de la via Roma et de la piazza Castello sont bordées d’élégantes constructions de style classique ou éclectique.
Le nom de la via XX Settembre renvoie à la date de la prise de Rome, le 20 septembre 1870 : cet évènement provoqua l’annexion de la ville au royaume d’Italie et la publication d’un décret constatant la fin de l’existence des États pontificaux et du pouvoir temporel des papes.
La via Pietro Micca porte le nom d’un soldat piémontais mort héroïquement pour sa patrie, lors de la défense de la citadelle de Turin, assiégée par les Français pendant la guerre de succession d’Espagne (1700-1714).
Durant ce conflit, le duc de Savoie, Victor-Amédée II, allié à l’empereur d’Autriche, subit de plein fouet l’invasion de la Savoie et du Piémont par les troupes françaises.
L’épisode du siège de Turin se déroule en 1706. Les troupes françaises tentent d’investir la citadelle édifiée par Emmanuel-Philibert et d’y pénétrer par les souterrains. Elles en sont empêchées par l’action héroïque du soldat-mineur Pietro Micca qui fait exploser les voies d’accès et meurt dans l’explosion.
Trois jours plus tard, le duc de Savoie et son cousin le prince Eugène de Savoie, commandant en chef de l’armée, font leur entrée dans Turin libérée.
Pietro Micca est toujours célébré comme héros italien.
La piazza Corpus Domini se trouve sur l’ancien forum d’Augusta Taurinorum, lieu où, à la période médiévale, se trouvait encore le marché de Turin.
Sur cette place, la basilique du Corpus Domini fut édifiée pour célébrer le miracle de l’Eucharistie : celui-ci se serait déroulé le 6 juin 1453, près du marché de Turin, dans le cœur de la cité médiévale, pendant une guerre entre le duché de Savoie et la France.
Après avoir pillé l’église d’Exilles, dans le val de Suse, un groupe de soldats français se rend à Turin, le jour de la Fête-Dieu (Corpus-Domini), pour y vendre le butin. Mais l’âne qui transporte l’Eucharistie tombe sur le sol et l’Esprit Saint s’élève et illumine les lieux.
Un oratoire fut construit sur place, bientôt suivi d’une petite église. Après le transfert à Turin de la capitale du duché de Savoie, celle-ci fut remplacée par l’église actuelle, commandée en 1603 à l’architecte Ascanio Vitozzi secondé, pour la conception de la façade, par Amedeo di Castellamonte.
L’église présente une façade de style baroque, organisée en deux registres par un système de pilastres et colonnes qui soutiennent l’entablement surmonté d’un fronton. La façade fut complétée à la fin du XVIIe siècle par les statues de quatre personnages de l’Ancien Testament censés préfigurer le mystère de l’Eucharistie : Moïse, Samson, le prophète Élie et le prêtre Melchisédech.
L’intérieur est à nef unique, conformément aux prescriptions de la Réforme catholique. Le décor a été renouvelé au cours du XVIIIe siècle.
Non loin de là, la via Palazzo di Citta, conduit jusqu’à la place de l’Hôtel de Ville qui se trouve, elle aussi, sur l’emplacement de l’ancien forum romain.
L’Hôtel de Ville est une construction du XVIIe siècle qui date de la grande campagne de modernisation du quartier voulue par les Savoie.
Cette statue, commandée par Charles-Albert, rappelle la libération par Amédée VI de son cousin, l’empereur romain d’Orient Jean V Paléologue.
Au XVIIe siècle, la construction du palais intégra une ancienne place réservée aux crémiers du marché, sous la forme d’une cour intérieure qu’on aperçoit à l’arrière-plan sur la photo précédente : c’est la Corte del Burro.
Les statues de la façade datent du XIXe siècle : à gauche, le prince Eugène de Savoie et, à droite, Ferdinand de Savoie-Gênes, frère cadet de Victor-Emmanuel II.
L’église du couvent des Dominicains date du XIIIe siècle mais sa façade fut édifiée un siècle plus tard.
L’église et le couvent des Dominicains furent le siège de l’Inquisition de Turin jusqu’à son abolition en 1799.