Le site de Madeleine et Pascal

Sens

Aux confins de l’Île-de-France, la cité des Sénons
5 décembre 2021, par Madeleine, Pascal

Sens est une très ancienne cité, d’abord gauloise puis gallo-romaine.

Son monument majeur est la cathédrale Saint-Étienne. Les moyens déployés pour la construire rapidement sont liés à l’importance de l’archidiocèse de Sens qui comprenait alors Paris dans son territoire. Cette situation dura jusqu’en 1622, date où l’archevêché fut établi à Paris.

La cathédrale Saint-Étienne

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La cathédrale de Sens porte le nom d’Étienne, prédicateur du Ier siècle, considéré comme le premier martyr de la chrétienté.

C’est la première cathédrale d’architecture gothique, contemporaine de la basilique de Saint-Denis qui n’était alors qu’une église abbatiale.

Sa construction commence vers 1130-1135, la nef et le chœur sont consacrés dès 1164 et la façade terminée à la fin du XIIe siècle.

Louis IX se marie à Sens en 1234 et c’est à Sens qu’il prend plus tard possession des reliques destinées à être vénérées dans la Sainte-Chapelle.

En 1268, l’effondrement de la tour sud détruit une partie de la façade occidentale, au-dessus du portail central, ce qui nécessite une reconstruction. À cette occasion, les fenêtres hautes sont agrandies, comme le montre la photo ci-contre, pour obtenir une plus grande luminosité. Les travaux sont longtemps interrompus par la Grande peste puis par la Guerre de cent ans.

Le transept, qui date des années 1490–1515, est considéré comme un chef-d’œuvre du gothique flamboyant. La partie supérieure de la tour sud fut achevée plus tard par l’adjonction d’un petit campanile (1532–1534).

  • La façade occidentale, de nuit
  • Le transept sud, dans la cour du palais (...)
  • Le transept nord, au fond d’une impasse
  • Détail des voussures du transept nord
  • Les trois portails de la façade occidentale, (...)
  • Sur la façade occidentale, le portail nord, (...)
  • La tour nord présente des arcatures en plein (...)
    En haut à droite, on aperçoit le sommet du (...)
  • Saint Étienne, au trumeau du portail principal
  • L’élévation est à trois étages : grandes arcades, (...)
    Les voûtes de la nef sont sexpartites.
  • L’alternance de puissants piliers et de (...)
  • Le chœur, avec une élévation à trois niveaux
  • Vue axiale du transept sud
  • L’élévation du transept ne compte que deux (...)
  • Le transept, vu à travers les grilles du (...)

En faisant le tour de la cathédrale, on découvre des parties romanes mais aussi des décors de style Renaissance ou baroque.

  • Dans le déambulatoire, le style des ouvertures (...)
  • Statue de saint Thomas Beckett, sous une (...)
    Ce monument rappelle que Thomas Beckett, en (...)
  • Dans le déambulatoire, une chapelle romane (...)
  • Dans une chapelle gothique du croisillon sud (...)
  • Ce retable de style gothique tardif fut érigé (...)
    Il appartenait à une chapelle qui se trouvait (...)
  • Dans une chapelle du collatéral sud, un (...)
  • Dans la chapelle axiale, un groupe sculpté en (...)
  • La grille du chœur date du XVIIIe siècle
  • Dans une chapelle, le monument funéraire du (...)
  • Les voûtes du chœur, vues depuis le déambulatoire

Le palais archiépiscopal, le palais synodal et le musée archéologique

À droite de la cathédrale, le palais synodal

Jusqu’au début du XVIIe siècle, Sens était au-dessus de Paris dans la hiérarchie catholique. Les diocèses de Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, Orléans, Nevers, Troyes constituaient alors, avec Sens où siégeait l’archevêque, la province écclésiastique de Sens.

Le palais synodal accueillait les réunions des évêques subordonnés à l’archevêque de Sens. L’édifice est une construction gothique du XIIe siècle, restaurée par Eugène Viollet-le-Duc.

Au fond de la cour, la façade du palais synodal, vue depuis les combles du palais archiépiscopal
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Le musée de Sens est hébergé dans une aile de l’ancien palais archiépiscopal située au sud de la cathédrale.

Façade du musée de Sens, dans la cour du palais archiépiscopal

La collection d’antiquités gallo-romaines du musée est remarquable.

  • Le sous-sol du palais archiépiscopal
  • Alignement de monuments funéraires d’époque (...)
  • Urne cinéraire en marbre
  • Une stèle
Statuette de la déesse Epona

La statuette ci-dessus, constituée d’une âme en bois recouverte d’un alliage cuivreux, représente la déesse gauloise Epona. Protectrice des voyageurs, des chevaux et de leur fertilité, elle est assise en amazone sur un cheval dirigé vers la droite. Elle a été découverte en 2009 dans un puits.

Le trésor de la cathédrale comporte lui aussi des pièces exceptionnelles.

  • La tapisserie des Trois couronnements est un (...)
  • La Sainte châsse, recouverte d’un plaquage (...)
  • Détail : au registre supérieur, deux paons (...)
  • Châsse-reliquaire
    Émaux champlevés - XIIIe siècle
  • La tapisserie de l’Adoration des Mages, (...)
    Ateliers de Bruxelles

La scène brodée de la Crucifixion, ci-dessous, appartient à un parement haut d’autel, faisant office de retable. Elle fait partie d’un ensemble d’ornements liturgiques appelé chapelle d’Henri IV. Il s’agit d’une commande effectuée en 1573 par Henri de Navarre, récemment converti et futur roi de France, auprès d’un atelier de brodeur-chasublier parisien.

La chapelle d’Henri IV, broderie de soie et fils d’or

Dans les collections modernes, accumulation hétéroclite de dons émanant de riches familles, nous remarquons une boîte en ivoire du XVIIIe siècle.

Boîte en ivoire ciselé

Urbanisme et histoire, au fil d’un tour en ville

(Le long de l’ancien cardo : la cathédrale, vue depuis la place de l’Hôtel de Ville.)
Le long de l’ancien cardo : la cathédrale, vue depuis la place de l’Hôtel de Ville.

Dès l’Antiquité, le peuple gaulois des Sénons affirme son existence par son incursion en Italie et la prise de Rome sous la direction de son chef Brennus, qui rançonne Rome vers 390 av. J.-C. après l’épisode des « oies du Capitole ».

(L’Hôtel de Ville en style éclectique date du XIXe siècle)
L’Hôtel de Ville en style éclectique date du XIXe siècle

Lors de la Guerre des Gaules, César investit le territoire des Sénons, qu’il nomme Agedincum. La paix romaine en fera une ville ouverte, au carrefour des voies reliant Paris et Sens, d’une part, Orléans et Troyes d’autre part.

La cité est édifiée selon les principes de l’urbanisme romain, avec un système de voies orthogonales dont les deux principales, le cardo, orienté nord-sud et le decumanus, orienté est-ouest, passent par le forum.

La cathédrale sera ultérieurement construite sur l’ancien forum, le long du cardo romain, de même que l’Hôtel de Ville.

Les incursions répétées de la fin du IIIe siècle entraînent l’abandon des quartiers périphériques et la construction d’une puissante muraille dont les matériaux proviennent des monuments détruits (arènes, temples, stèles des nécropoles…).

Agedincum devient alors une ville fermée, correspondant au centre-ville actuel.

La promenade des boulevards se déroule sur le tracé des anciens remparts où subsistent quelques vestiges de la muraille médiévale.

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    Peintre, dessinateur, décorateur et graveur, (...)
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À Paris, l’Hôtel de Sens, lieu de résidence de l’archevêque de Sens

L’Hôtel de Sens est un des rares vestiges de l’architecture médiévale civile à Paris. Il fut édifié dans le quartier du Marais entre 1475 et 1519 sur l’ordre de Tristan de Salazar, archevêque de Sens. Il hébergea les cardinaux archevêques jusqu’en 1622.

L’Hôtel de Sens, à Paris, dans le quartier du Marais

Article mis à jour le 26 mars 2022