Le site de Madeleine et Pascal

La co-cathédrale Saint-Jean de La Valette

31 août 2017, par Madeleine, Pascal

Dédiée à Jean-Baptiste, patron de l’Ordre des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, l’église Saint-Jean de La Valette fut édifiée entre 1572 et 1577 sur ordre du 51e Grand maître, Jean l’Evesque de la Cassière (1572-1581), par l’architecte Girolamo Cassar, auteur par ailleurs du palais du Grand maître et des diverses Auberges.

L’édifice fut, dès sa construction, l’église conventuelle de l’Ordre, en remplacement de l’église Saint-Laurent de Birgu. Il le resta jusqu’en 1798, date où l’Ordre fut expulsé par les troupes françaises. En 1820, l’église fut élevée au rang de deuxième siège de l’évêque de Mdina, d’où son statut actuel de co-cathédrale.

L’extérieur

Façade de la co-cathédrale Saint-Jean

L’édifice est construit dans le style maniériste. La façade plutôt massive est encadrée de deux tours-clochers. L’austérité de la construction rappelle l’architecture de style militaire affectionnée par l’Ordre juste après le Grand siège de 1565.

La façade et les tours sont rythmées verticalement et horizontalement par des pilastres et des corniches. Au-dessus de la façade à deux registres s’élève un fronton triangulaire. Le portail flanqué de colonnes est surmonté d’un balcon d’où le Grand maître nouvellement élu pouvait s’adresser à la population.

L’intérieur

La nef

L’église présente un plan basilical à une seule nef de 15 mètres de large sur 53 mètres de long. Les piliers délimitent les diverses chapelles latérales.

La nef et le chœur

Durant le premier siècle de son existence, l’intérieur de l’église fut relativement modeste. Mais le 60e Grand maître Raphael Cotoner (1660-1663) fit décorer l’intérieur dans le style baroque. Les travaux furent confiés à l’artiste calabrais Mattia Preti.

Le sol est revêtu d’un ensemble de plus de 400 pierres tombales en marbres polychromes. Le peintre Mattia Preti repose sous l’une d’entre elles.

Mattia Preti réalisa en particuier les peintures de la voûte dans la première moitié des années 1660. Ces peintures, apposées directement à l’huile sur la pierre maltaise très poreuse, représentent le cycle de la vie de Jean-Baptiste.

La voûte en berceau et ses peintures

Les motifs qui ornent les murs ont été sculptés puis dorés selon des dessins de Mattia Preti. Les détails des décors révèlent une accumulation d’emblèmes héraldiques parmi lesquels la Croix de Malte est très présente.

Les chapelles latérales nord

Les chevaliers d’une même origine ou langue étaient regroupés dans une même Auberge. Cette division se retrouve dans la cathédrale dont les chapelles latérales sont pour la plupart dédiées à l’une des langues.

Du côté nord se succèdent, du chœur vers le fond de l’église :

  • la chapelle de la langue anglo-bavaroise encore appelée chapelle des reliques, dédiée à saint Charles Borromée
  • la chapelle de la langue de Provence dédiée à l’archange saint Michel
  • la chapelle de la langue de France, dédiée à saint Paul et redécorée au XIXe siècle
  • la chapelle de la langue d’Italie, dédiée à sainte Catherine, patronne de l’Italie
  • la chapelle de la langue d’Allemagne ou chapelle de l’Épiphanie

Les chapelles latérales sud

Du fond de l’église vers le chœur, on trouve successivement

  • la chapelle de la langue de Castille, Léon et Portugal, dédiée à saint Jacques le Majeur
  • la chapelle de la langue d’Aragon, dédiée à Saint Georges
  • la chapelle de la langue d’Auvergne, dédiée à saint Sébastien
  • la chapelle de Notre-Dame de Philermos ou chapelle du Saint-Sacrement

On vénère dans cette chapelle une icône dont l’original aurait été peint par saint Luc. Aux alentours de l’an 1000, l’icône aux pouvoirs réputés miraculeux fut transportée de Jérusalem jusqu’à Rhodes afin d’être protégée de la destruction. Elle doit son nom au lieu où elle fut alors sauvegardée. Dès leur arrivée sur l’île en 1309, les chevaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem apprirent son existence et lui vouèrent une grande dévotion.

Lors de leur départ de Rhodes en 1523, au moment de l’invasion de l’île par Soliman le Magnifique, les chevaliers emportèrent avec eux Notre-Dame de Philermos et diverses reliques en leur possession, dont la main de saint Jean-Baptiste et un morceau de la Croix. L’icône fut placée comme bannière sur le mât de la Grande Caraque, le navire du Grand maître Villiers de l’Isle-Adam. En 1530, lorsque les chevaliers s’établirent à Malte, elle fut exposée tout d’abord dans l’église de Birgu (Vittoriosa) puis, après la création de La Valette, dans l’église Notre-Dame des Victoires et enfin dans l’église conventuelle Saint-Jean de La Valette.

Après l’expulsion de l’Ordre par les troupes napoléoniennes en 1798, l’icône originale et les reliques subirent diverses pérégrinations. L’icône aujourd’hui exposée dans la co-cathédrale est une copie de cet original.

L’oratoire et la sacristie

L’oratoire et la sacristie furent édifiés en 1598 et 1604.
L’oratoire renferme La Décollation de saint Jean-Baptiste, un tableau peint par Caravage en 1608 alors qu’il était réfugié à Malte sous la protection du Grand maître Alof de Wignacourt.

La décollation de Saint Jean-Baptiste par le Caravage

L’oratoire expose une autre œuvre de l’artiste réalisée à Malte et intitulée Saint Jérôme écrivant.


Article mis à jour le 12 décembre 2022