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Les Drieux

8 mai 2019, par Pascal

On dit qu’une recherche d’ancêtres en Flandre Maritime conduit toujours à des Drieux... Pour Raymond Vanbrugghe, trois branches d’ancêtres aboutissent aux Drieux !

La famille Drieux est une famille flamande aisée de la châtellenie de Cassel, célèbre par de nombreux religieux et universitaires. Le plus lointain ancêtre connu est Jacques Drieux, chevalier de Jérusalem, mort en 1436. Les deux membres les plus éminents de la famille sont sans conteste Michel, recteur de l’Université de Louvain, et Rémi, évêque de Bruges.

Les preuves matérielles ont disparu comme les dalles funéraires de Jacques Drieux à Buysscheure, de Michel Drieux à Louvain, de Rémi Drieux et de ses neveux à Bruges. Restent des ouvrages, des articles édités au cours des années et en particulier le livre du baron de Croeser [1] qui donne une liste des parents de Rémi Drieux.

Jacques Drieux ( ? - 1436)

D’après le baron de Croeser, Jacques Drieux décéda le 6 octobre 1436 et gît avec son épouse Catherine van Steenbeke, morte en 1428, au chœur de l’église de Ruwerscheure ou Ruuscheure dans la Châtellenie de Cassel, sous une pierre sépulcrale ornée de leurs armoiries [2] avec cette inscription :
Sepulture van m’Her Jacob Drieux, Rudder van Jerusalem, die overleet deser Werelt den 6 october 1436, en Joeffrauwe Catherine van Steenbeke, syne wettelycke Geselnede, die overlette anno 1428.

Le baron de Croeser rapporte ainsi que Jacques était chevalier de Jérusalem. De nombreux généalogistes ont interprété ce titre comme celui d’un chevalier de l’ordre de Jérusalem, ce qui n’a jamais reçu de confirmation directe, notamment issue de l’ordre, d’autant plus que ces chevaliers n’étaient jamais mariés. Ce titre semble à d’autres simplement désigner quelqu’un qui aurait fait le pèlerinage de Jérusalem. D’autres enfin font remarquer qu’il existait en Flandre une seigneurie dénommée Jérusalem dont Jacques aurait pu être le seigneur [3].

Michel Drieux (ca 1495 - 1559)

Michel Drieux
Michel Drieux

Michel Drieux est connu également sous son nom latinisé de Michael Driutus. Il nait à Volckerinckhove (Comté de Flandre, aujourd’hui département du Nord) en 1495, fils de Adrien Drieux et de Marie Swartens. Son trisaïeul serait Jacques Drieux [1]. Il décède à Louvain le 16 septembre 1559.

Reçu second sur 160 à l’examen de la Faculté des Arts de Louvain, il y devint rapidement professeur de philosophie. Promu docteur en droits (droit civil et droit canon), il enseigna les décrets durant 28 ans à Louvain.

Il fut nommé official (c’est-à-dire juge dans les questions religieuses) à la cour du prince-évêque de Liège, deuxième grand inquisiteur des Pays-Bas (et donc chargé d’examiner le cas des hérétiques) et reçut le titre - fort envié - de doyen de la Collégiale Saint-Pierre de Louvain dont il était chanoine depuis 1529. Tous ces titres étaient mentionnés sur la pierre de son tombeau devant l’autel Saint-Yves à la Collégiale Saint-Pierre de Louvain, mais elle semble avoir disparu au début du XIXe siècle [4].

Mais ce qui lui a valu la reconnaissance la plus insigne de la postérité, c’est la fondation du collège qui portait son nom (collège désigne ici une résidence où les étudiants suivant les cours de l’université étaient suivis dans leurs études) et de bourses qui seront décrites dans un paragraphe ultérieur.

Rémi Drieux (1519 - 1594)

Rémi Drieux
Rémi Drieux

Rémi Drieux, connu également sous son nom latinisé de Remigius Driutus, neveu de Michel Drieux, nait vers 1518 à Volckerinckhove. Il est fils de Rémi Drieux (père) et de Catherine Fenaerts et est l’aîné d’une famille de neuf enfants.

Rémi fit une carrière encore plus brillante que son oncle Michel. Il entra dans les ordres et étudia le droit. Appelé par son oncle à Louvain, il y devint professeur de droit civil à 25 ans. En 1556 il fut nommé doyen du chapitre de Saint-Jacques à Louvain et en 1557 sa réputation de juriste en droits civil et canon lui valut d’entrer au Grand Conseil de Malines. Remarqué par le cardinal Granvelle, alors archevêque de Malines, il devint official de sa cour spirituelle. C’est le roi d’Espagne lui-même, Philippe II, qui, en 1558, le nomma prévôt de la collégiale Notre-Dame de Bruges et le désigna comme évêque de Leeuwarden en Frise, puis de Bruges en 1569. Il fut très mêlé aux événements de son temps, entretint une vaste correspondance avec des évêques et des cardinaux et se signala par son dévouement au roi.

Alors qu’il participait â la réunion des États de Flandre en 1577, il fut fait prisonnier par les seigneurs de Ryhove, opposants au régime, et ne put regagner son diocése qu’en 1584. Ses fonctions épiscopales ne l’empëchèrent cependant pas de se soucier du collège Drieux dont, à titre de proviseur, il devait attribuer les bourses. La générosité de son testament du 22 décembre 1576 en faveur du collège le fit considérer comme le second fondateur de cet établissement,

Il fut inhumé dans le chœur de sa cathédrale de Bruges qui fut rasée par les troupes françaises le 14 octobre 1799.

Le collège Driutus

Michel Drieux habitait une spacieuse demeure située rue Spiering, actuellement impasse des Enfants de chœur, qui avait une sortie rue des Écreniers. Par son testament du 28 juillet 1559, il ordonna de convertir cette maison en un collège en faveur des jeunes gens de sa famille et des jeunes gens originaires de Volkerinckhove, Bollezeele, Merckeghem, Broxeele et Lederzeele, villages du territoire de Cassel (1). L’établissement fut ouvert par les soins de ses exécuteurs testamentaires. Les pensionnaires devaient s’adonner à l’étude de la philosophie, de la théologie ou du droit.

Le testament comporte en fait un legs à l’université de Louvain. C’est ce qu’on appelle la "bourse Drieux" qui doit permettre aux membres de la famille Drieux de faire des études supérieures à Louvain. Cette bourse a duré très longtemps. Il fallait en particulier produire sa généalogie pour en bénéficier, ce qui explique les nombreux manuscrits généalogiques existant sur cette famille, souvent perdus mais connus par des copies faites par les généalogistes du XVIIIe du XIXe ou du XXe siècle. Cela explique aussi que certaines généalogies aient cherché à prouver l’appartenance à la famille pour bénéficier de la bourse en introduisant des liens de parenté non étayés.

Jacques-François van Elslande, président du collège, le fit entièrement rebâtir en 1775. En 1805, les bâtiments du collège devinrent propriété de la ville. Mais ils disparurent dans l’incendie du 25 au 26 août 1914 [4].

Les ancêtres Drieux de Raymond Vanbrugghe

Trois liens de parenté existent entre Raymond et les Drieux. L’utilisation de la généalogie de Croeser [1] conduit à trois branches reliant Raymond Vanbrugghe à Rémi Drieux (né vers 1490), le frère de Michel fondateur du collège. En se fiant uniquement à des références vérifiables, on arrive à un résultat plus complexe.

Deux branches partent de Drieux Jean ( 1530-), fils de Michel. L’une aboutit au père de Raymond via les Deschamps et les Leuregans.

L’autre branche aboutit à sa mère Gabrielle Provoost via les Vantorre, Marquis et Besegher.

Une troisième branche relie Rémi Drieux (né vers 1490) à Gabrielle Provoost, mère de Raymond, via les Caenens. Cette branche est commune avec la précédente à partir de Marie Françoise Wils.

Raymond Vanbrugghe avait donc tout ce qu’il fallait pour obtenir une bourse Drieux !

[1Baron de Croeser de Berges, Abrégé généalogique de la parenté de Messire Michel Drieux dit Driutius. Bruges, 1785. in-8°, édition ornée de portraits en taille-douce.

[2Les armoiries étaient peintes sur un vitrail de l’église de Buysscheure et figuraient sur la pierre tombale. Le blason des Drieux, que l’on retrouve sous les portraits de Michel et Rémi porte : D’or, au lion de sable, à la fasce brochante d’azur, chargée de trois étoiles à six raies d’or.

[3La seigneurie de Jérusalem est un arrière-fief vicomtier situé en Terdeghem. Le foncier était de dix mesures huit verges et demie. Jérusalem appartint un certain temps aux pères jésuites d’Aire. Extraits de Essai de statistique féodale de la Flandre maritime, Annales du Comité Flamand de France, 1932

[4Une famille de chez nous : les Drieux, Thérèse Ioos, revue Yser Houck n°7, Volckerinckhove


Article mis à jour le 10 mai 2019