Le nom d’Herculanum (Herculaneum en latin, Ercolano aujourd’hui en Italie) renvoie à une fondation légendaire par le demi-dieu Hercule à son retour d’Espagne. L’histoire retient que la ville fut dominée par les Étrusques entre 600 et 525 av. J.-C. puis, aux Ve et IVe siècles, par les Samnites, un peuple montagnard qui s’était établi vers Capoue et Caserte.
La ville passa ensuite dans l’orbite romaine et bénéficia en 89 av. J.-C. du statut de municipe : sous l’autorité de Rome, elle disposait de sa propre législation. Elle était à cette époque une petite ville résidentielle qui n’avait pas la vocation marchande de Pompéi. La station balnéaire d’Herculanum fut détruite par l’éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C.
Le fleuve de boues volcaniques qui a recouvert Herculanum a formé en se solidifiant une couche de tuf d’environ 20 mètres d’épaisseur qui a préservé les édifices mais rendu les fouilles difficiles. Les premières fouilles lancées par Charles de Bourbon en 1738 eurent une influence considérable sur les arts et l’architecture : les découvertes d’Herculanum et de Pompéi contribuèrent au développement du style néo-classique dès le XVIIIe siècle en Europe.
Le site d’Herculanum fut ensuite fouillé de manière irrégulière. Les fouilles reprennent de 1927 à 1958, puis à partir de 1980 dans la zone de la plage. Seul le quart environ de la cité semble avoir été fouillé, le reste se situant sous la ville actuelle d’Ercolano.
La photo ci-dessus (A) montre une partie d’un édifice civil, la palestre (lieu destiné aux hommes où se pratiquaient les exercices physiques). Le terrain, aujourd’hui engazonné et boisé, est bordé d’un portique. L’édifice est mitoyen à deux longs bâtiments civils (aulae) derrière lesquels s’alignent plusieurs boutiques. Au-delà des boutiques, on devine une rue, le cardo V, qui traverse toute la photo en diagonale.
L’emplacement des édifices publics est en jaune, celui des boutiques en rouge.
En survolant la carte, vous pouvez cliquer sur les différentes zones qui apparaissent.
Comme l’indique la rose des vents, les voies dénommées Cardo et Decumanus par les archéologues sont orientées d’une façon notablement décalée par rapport aux directions traditionnelles selon les points cardinaux.
Les lettres A, B, C, D, E sur le plan indiquent les points de prise de vue de différentes photos d’ensemble.
Cette maison, découverte au XIXe siècle, se situe le long du cardo III, juste après la maison d’Aristide. C’est une peinture murale représentant Io gardée par Argus qui lui a donné son nom. Il s’agit d’une belle et riche demeure donnant sur un grand jardin ceint d’un péristyle à colonnes.
Située un peu plus haut sur le cardo III, cette habitation doit son nom à la découverte de restes humains à l’étage. La maison est exiguë, dépourvue de jardin ou de péristyle, mais luxueusement décorée.
Les thermopolia sont des boutiques permettant une restauration rapide, en cours de journée. Celui-ci se trouve à proximité immédiate du carrefour du cardo III et du decumanus inferior. De grandes jarres en terre cuite sont encastrées dans un comptoir de pierre recouvert d’un dallage de marbre.
Ces thermes, situés entre le cardo III et le cardo IV, ont été construits à l’époque d’Auguste et leur décoration aurait été refaite sous les deux derniers empereurs Julio-Claudiens. Ils comportent une section masculine et une section féminine.
Cet édifice est aussi dénommé sacellum ou siège des Augustales ou encore aedes Augustalium. Il date de la fin du règne d’Auguste et c’est le sanctuaire où officiait un collège d’affranchis, les Seviri (sex viri) Augustales, voués au culte impérial. La pièce principale de ce vaste édifice est une sorte de chapelle ornée de peintures murales.
Sur la photo ci-dessus, la niche du fond accueillait une statue impériale, tandis que la scène centrale du mur de droite représente Hercule, le héros qui donne son nom à la ville, en compagnie d’Acheloos, le dieu-fleuve fils aîné du Titan Océan et de sa sœur Thétys.
Cette maison doit son nom à une grande pièce à décor peint en rouge sur fond noir qui s’ouvre sur un péristyle.
La pièce la plus remarquable de cette maison est le triclinium d’été dont deux murs sont ornés de mosaïques murales en pâte de verre coloré, décoration mise à la mode sous les Julio-Claudiens.
Au fond du triclinium, à gauche sur la photo qui précède, se trouve une fontaine décorative ou nymphée : la niche centrale en abside est encadrée de deux petites niches rectangulaires. L’ensemble est revêtu de mosaïques. Au-dessus des niches, des scènes de chasse sur fond bleu outremer sont surmontées de guirlandes de feuillage. L’architrave qui couronne l’ensemble a perdu sa mosaïque.
Le mur perpendiculaire au nymphée est décoré d’un panneau en mosaïque représentant les noces de Neptune et Amphitrite : c’est lui qui a donné son nom à la maison.
La dénomination de cette maison vient de son mode de construction en gros blocs rectangulaires de tuf volcanique (opus quadratum) : cet appareil d’usage antérieur à la colonisation romaine correspond à la période de présence samnite. Sur la photo ci-dessus, la maison mitoyenne à la maison samnite, plus basse et située plus loin dans la rue, est la modeste maison du métier à tisser ou maison du tailleur.
La maison samnite était fermée lors de notre visite mais la maison à cloison de bois, toute proche (ci-dessous) est également une riche maison de type samnite.
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Cette maison est à l’origine une vaste maison samnite, s’étendant du cardo III au cardo IV, le long du decunanus inferior. L’atrium est très haut et très spacieux. En son centre se trouve un impluvium de marbre clair destiné à la collecte des eaux de pluie depuis l’ouverture du toit ou compluvium. Le tablinum est orné de belles peintures rouges.
La maison fut remaniée à l’époque d’Auguste et une partie convertie en boutiques. Dans l’une de ces boutiques, le long du cardo IIII, on a trouvé une presse à étoffes dont on voit les deux montants et la vis.
Cette maison en treillis (ou maison à clayonnage) est remarquable par sa technique de construction, l’opus craticium, dont c’est l’exemple le mieux conservé qui nous soit parvenu depuis l’Antiquité. Entre des piliers formés de lits de pierre et de briques alternés, la trame des murs est constituée d’un colombage en bois noyé dans une maçonnerie en opus incertum. Les parois étaient ensuite enduites et peintes.
Cette maison présentait une entrée flanquée de deux demi-colonnes de briques autrefois stuquées et peintes en rouge.
Construite dans une partie accidentée de la ville et dans une vaste parcelle de forme complexe, la maison au relief de Télèphe est édifiée sur deux niveaux et selon deux orientations. La photo ci-dessus montre en particulier
Sur la vue qui précède on repère, au premier plan, le vaste édifice des termes suburbains. Plus loin vers la gauche, l’aire de Marcus Nonius Balbus où on devine le socle d’une statue de marbre blanc, puis l’area sacra : toutes deux dominent les hangars à bateaux qui bordent la plage antique.
Les fouilles réalisées à partir de 1980 sur l’ancien littoral ont prouvé que la population n’avait pas fui, au moment de l’éruption de 79, comme on l’avait cru antérieurement : elle s’était en partie regroupée dans des locaux proches de la plage, pensant probablement être ainsi protégée contre un tremblement de terre similaire à celui intervenu quelques années auparavant en 62. En dégageant l’intérieur des voûtes qui servaient d’abris à bateaux, on découvrit 270 squelettes humains. Leur étude paléopathologique montra que les victimes avaient trouvé la mort en position allongée, réfugiées au fond des salles voûtées ouvertes sur le rivage.