Le Musée égyptien est hébergé dans un bâtiment édifié à partir de 1679 par l’architecte Michelangelo Garove. C’était à l’origine, le Collège des nobles, un établissement d’enseignement jésuite qui accueillit, à partir de 1757, l’Académie des sciences puis le Musée égyptien.
Fondé en 1824 par le roi de Sardaigne et duc de Savoie Charles-Félix et ouvert au public en 1832, le Musée égyptien de Turin fut le premier musée d’égyptologie du monde.
La création du musée est liée à l’existence de collections constituées par des personnages qui ne furent pas tous des savants :
Quelques objets d’origine parfois non identifiée témoignent des toutes premières collections.
La période protodynastique est la dernière période de la préhistoire égyptienne. Elle fait la transition entre le Néolithique et la formation d’un État par unification du pays et centralisation des pouvoirs aux mains des dynasties pharaoniques.
À cette période, les sépultures se diversifient : les différences de richesse et de statut social se manifestent dans les tombes, signe d’une structuration de la société en classes et d’un pouvoir exercé par une minorité.
Les différences de statut transparaissent en particulier à travers les matériaux utilisés pour protéger le corps du défunt : les sarcophages des riches sont en bois (matériau rare en Égypte), tandis que les versions bon marché sont en terre cuite et que les enfants sont inhumés dans des paniers. Des vases normalement employés pour la cuisine ou le transport des grains peuvent aussi être utilisés, un vase analogue, renversé, servant de couvercle.
Sur la vue ci-contre, on reconnaît
La vitrine ci-dessus correspond au contenu d’une des trois chambres d’une tombe découverte en 1911 à Gebelein, à trente kilomètres au sud de Louxor. Épargnée par les pillards de l’Antiquité et ayant échappé aux dégâts causés par les éléments naturels, la tombe était inviolée et tout son contenu était préservé et en place, dans une chambre creusée dans le roc. L’emplacement de chaque objet est connu grâce aux notes prises, lors de la découverte, par un jeune collaborateur de Schiaparelli, même si l’emplacement précis de la tombe n’est plus connu. C’est le contexte d’une des trois chambres de cette tombe qui est ici restitué, avec ses sacrophages, sa vaisselle de pierre ou de céramique et divers objets.
On sait seulement que la tombe avait été creusé sur le flanc d’une des deux collines rocheuses qui constituent l’élément le plus remarqueble d’un paysage que les Arabes ont applé Gebelein (Les deux montagnes) et que leurs prédécesseurs antiques nommaient Inerty Inpu, (Les deux rochers d’Anubis).
La vitrine ci-dessus correspond à un ensemble rare qui se trouvait dans une tombe découverte en 1911 dans la nécropole de Gebelein par la mission archéologique du Musée de Turin. Dans un coffre rectangulaire à décor "en façade de palais" analogue à celui du mastaba de Perim, se trouvait un tas de bandages. Les analyses non-destructives ont montré qu’il renfermait un corps dans une position repliée et un appuie-tête à double colonne.
Le puits funéraire contenait aussi un document de comptabilité sur papyrus. Ce genre de documents administratifs est extrêmement rare dans l’Ancien Empire. Un autre exemple en fut fourni, à Gebelein également, dans une tombe découverte 24 ans plus tard par la mission du Musée égyptien : elle contenait des rouleaux de papyrus et des fragments (exposés ici) relatant des transactions comportant des listes de personnes et des indications de quantités de grains et autres marchandises.
Le défunt de la tombe d’Ini est un "porteur de sceau", "gouverneur de province" et "chef des prêtres de Sobek". Il était couché sur son côté gauche, regardant en direction de la paire d’yeux peints qui orne l’extérieur du sarcophage. Son équipement funéraire comportait des pièces de vaisselle en terre cuite, environ 300 sacs de graines réalisés en fibres végétales tissées et des modèles réduits de bateaux, grenier... objets qui deviendront habituels au Moyen Empire.
La tombe d’un dignitaire du nom de Shemes fut découverte inviolée en 1908 à Assiout par la Mission archéologique du Musée de Turin. Elle contenait deux sarcophages de bois dont l’un était celui d’une femme, probablement l’épouse de Shemes.
Les sarcophages de Mereru sont richement décorés : outre des incantations funéraires et des formules d’offrandes disposées en multiples lignes, on y voit les dessins des paires d’yeux oudjat et des représentations d’offrandes : corbeilles de nourriture et armes (arcs, carquois, boucliers en cuir de vache tacheté).
La photo ci-dessus (cliquable) représente une partie du papyrus qui donne le plan de la tombe de Ramsès IV par le scribe Amennakht, fils d’Ipuy. On y voit la description stylisée de la montagne thébaine où la tombe fut creusée. Conformément aux principes de représentation égyptiens, les portes sont figurées de face tandis que les salles sont dessinées en plan. Le plan n’est pas à l’échelle mais les dimensions de chaque pièce sont spécifiées, pas toujours conformes aux dimensions réelles de l’ouvrage.
Le papyrus minier, ci-contre, est considéré comme la plus ancienne carte topographique connue. Découvert à Deir el-Medineh, il fait partie de la collection Drovetti. La carte a été dessinée vers 1160 av. J.-C. par le scribe Amennakht, fils d’Ipuy. Elle préparait une expédition d’extraction de roches pour Ramsès IV au Ouadi Hammamat, dans le désert Arabique.
La tombe de Kha et de son épouse Merit était inviolée lorsque Schiaparelli la découvrit en 1906 près du village de Deir el-Medineh. Elle avait échappé aux pillards de l’Antiquité car elle était assez éloignée de la chapelle funéraire associée. Il s’agissait alors de la plus riche tombe d’un personnage non royal jamais découverte. Les titres de Kha indiquent qu’il supervisait la construction des tombes royales. Les objets trouvés dans la tombe précisent les noms des souverains Amenhotep II et Amenhotep III.
La salle des sarcophages fournit l’occasion d’admirer des scènes peintes qu’on peut identifier au moins en partie.
Ci-dessus, à gauche, Osiris, derrière lequel se tient Isis, est assis sur un trône, dans un naos. Horus, précédé d’une lionne, et Thot s’avancent vers Osiris qu’ils saluent. La défunte dont la tête est surmontée d’un cône d’onguent est introduite par une divinité qui pose la main sur son épaule.
Ci-dessus, la partie droite du même sarcophage. Le défunt (vu ce qui précède, on s’attendrait plutôt à ce que ce soit une femme... ), parvenu dans l’au-delà, est agenouillé devant une table d’offrandes, un cône d’onguent sur la perruque. Il boit l’eau contenue dans un vase, qui est versée en direction de ses mains par une déesse qui semble sortir d’un arbre. Il s’agit d’Hathor ou d’Isis, parfois nommée "La dame du sycomore" et décrite comme « Maîtresse de l’ouest » : elle accueille le mort dans sa nouvelle vie.
Les photos suivantes montrent un sarcophage dont les peintures relèvent d’une technique beaucoup plus sommaire.
Le scribe royal Butehamon est une figure clé de l’histoire égyptienne. Il vécut entre la fin du Nouvel Empire (XXe dynastie, règne de Ramsès XI) et le début de la troisième période intermédiaire. À cette époque, la communauté des bâtisseurs de tombeaux royaux avait déjà déménagé de son quartier d’origine, le village de Deir el-Medineh, vers le temple de Medinet Habou.
Butehamon descendait d’une importante famille de scribes et d’hommes de lettres que l’on peut retracer jusqu’au célèbre Amennakht, fils d’Ipuy, qui rédigea certains des papyrus présentés au musée. La correspondance de Butehamon avec son père Djehutymes est également de la plus haute importance. Elle fournit des informations intéressantes sur les événements politiques qui ont marqué les dernières années du règne de Ramsès XI.
De nombreux graffitis au nom de Butehamon témoignent des activités de ce scribe dans la nécropole royale. En particulier, une note trouvée sur la momie de Ramsès III atteste que Butehamon faisait partie des fonctionnaires chargés par le grand prêtre d’Amon-Rê, Pinudjem, de restaurer la momie royale et de la réenterrer, avec de nombreuses autres qui ont été restaurées vers cette époque et apportées à la cachette de Deir el-Bahari.
Le sarcophage de Butehamon arrive à Turin en 1824 avec la collection Drovetti. Il est présumé avoir été trouvé dans la tombe réutilisée d’un artisan de Deir el-Medineh. Selon les spécialistes, son sarcophage a déjà toutes les caractéristiques de ceux de la Troisième période intermédiaire.
La plupart des statues de cette salle ont été rapportées d’Égypte par Drovetti, consul de France en Égypte au début du XIXe siècle. Il avait chargé un sculpteur de sélectionner sur les sites égyptiens des statues remarquables pour sa collection personnelle.
Presque toutes celles qui sont ici proviennent de Louxor. Vendues au roi de Sardaigne Charles-Félix en 1824, elles constituèrent à l’époque le cœur de la première grande collection d’antiquités égyptiennes d’Europe.
En 1824, deux ans après avoir déchiffré les hiéroglyphes, Champollion vint à Turin pour étudier ces monuments, ainsi que les papyrus de la collection Drovetti.
Les statues de grande taile représentant des divinités étaient assez rares dans l’Égypte antique et la plupart d’entre elles étaient réalisées pour des programmes iconographiques de grande ampleur. Les deux statues qui suivent appartenaient au temple de millions d’années d’Amenhotep III, sur la rive occidentale de Louxor. Une fois le temple abandonné, elles furent réutiisées à Karnak.
Des centaines de statues en pierre de la déesse Sekmet furent également commandées par Amenhotep III. Comparables par l’iconographie, elles diffèrent notablement dans leur facture et leur fini. La déesse à tête de lionne est coiffée d’un disque solaire orné d’un uraeus et parfois deux. Assise, elle tient une ankh, la croix de vie, et, debout, une fleur de papyrus, symbole de renaissance et de fraîcheur.
Ci-dessous, une série de statues royales, parmi lesquelles la plus admirable est celle de Ramsès II.