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Pierre Domeck et Marie Biolley

10 février 2019, par Pascal

Marie Joséphine Biolley, née le 6 juillet 1875 à Gerbaix, est le cinquième enfant de Joseph Amédée Biolley et Lucie Rey [1]. Son père Joseph Amédée est le cousin germain de François Biolley, père de Marcel Biolley. Leur grand-père commun est Georges Biolley. Autrement dit, Marie Biolley est une cousine issue de germains de Marcel Biolley.

Pierre Marie Domeck est né le 21 février 1871 à Saint-Pierre d’Alvey. Son arrière-grand-père est né à Landau in der Pfalz, dans le land de Rhénanie Palatinat, en Allemagne. Pierre part en Algérie en 1893. Ses deux frères et une de ses sœurs vont partir aussi en Algérie.

Pierre Domeck et Marie Biolley se sont mariés le 10 mai 1898 à Trézel dans l’Oranie.

Viticulteur, Pierre a créé le grand cru Zamori. Il a fondé le village du Burdeau dont il sera maire pendant de nombreuses années. Il a reçu différentes distinctions : chevalier du Mérite Agricole en juillet 1910, puis officier du Mérite Agricole le 2 février 1929. Il a été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur le 2 mars 1937.

Carte de l’époque du Plateau du Sersou
Burdeau en bas de la carte deviendra Mahdia wilaya de Tiaret.

Pierre Domeck décède à Alger à l’âge de 80 ans. Marie Joséphine décède à Montpellier à l’âge de 100 ans.

Une fête à l’occasion de la Légion d’honneur

Une réunion de savoyards d’Algérie fur organisée à Alger pour fêter la nomination de Pierre Domeck au grade de chevalier de la Légion d’Honneur. Un article paru dans Le Petit Dauphinois le 15 mai 1937 relate cet événement. L’intérêt de cet article, c’est qu’il dévoile les discours qui étaient tenus à l’époque sur l’Algérie. Il décrit aussi de façon précise la vie et l’œuvre de Pierre Domeck en Algérie.

Article du Petit Dauphinois du 15 mai 1937

À Alger le 25 avril, les Savoyards de l’Union se sont réunis à l’Hôtel de l’Oasis pour fêter la nomination d’un de leurs membres M. Pierre Domeck dans l’ordre de la Légion d’honneur. La réunion fut nombreuse. Beaucoup de dames et d’enfants. L’atmosphère fut cordiale.M. Domeck a une place de tout premier plan dans la colonisation algérienne où il ne compte que des amis. M. Morard présidait. Parmi les assistants, citons MM. Venat, Suavet, Kossowski, Gauthier, Favre, Crouzet, Borot, Détienne, Dupuis, Laville, Rosset, Vailler, Serain, Poingt, Richet, Martin, Hill, Lequevel, Berthelot, Zimmerman, Domeck, etc.

La partie musicale avait été organisée, par M. Darbès, professeur à l’École de Musique de la Lyre Algérienne, avec le concours de Mme Scotto, professeur, et quelques-uns de leurs élèves. Le concert commença par l’exécution de « Passepied », de Gillet par M. Nicolet (violon) et Mme Scotto (piano) et de « Sérénade », de Schubert, par Mlle Guenoun (chant) accompagnée par Mme Scotto.

Le président M. Morard, se levant le premier dit toute sa joie de voir encore un de ses compatriotes justement remarqué et honoré par le gouvernement de la République. Il fit ressortir la situation prééminente que M. Domeck s’est acquise dans la Colonie et les remarquables réalisations qui ont marqué sa longue carrière. II dit le plaisir qu’il avait eu à lui servir de parrain et à lui donner l’accolade, et sa fierté d’être à la tête d’une Société Régionale dont le Conseil d’administration compte autant de légionnaires. Il félicite Mme Domeck d’avoir été une vaillante et courageuse compagne pour son mari, d’avoir pris sa bonne part à l’édification de l’œuvre commune et d’avoir maintenant la satisfaction de contempler une aussï complète et parfaite réussite. Il invita enfin tous les compatriotes à lever leur verre à la santé de M. Domeck et à celle de toute sa famille. Et toutes les coupes furent levées, pleines d’un Champagne pétillant et frais à souhait.

La péroraison du discours de M. Morard fut saluée par un tonnerre d’applaudissements. Et le chant des Allobroges (disque de l’Harmonie de Savoie) fut écouté debout par tous îes assistants. Deux magnifiques gerbes furent offertes à Mme Domeck, l’une par deux charmantes fillettes, Mlles Martin, ses petites-filles, l’autre par l’Union des Savoyards.

Puis M. Domeck se levant à son tour, répondit à M. Morard et à ses compatriotes pour les remercier. Réponse brève, tirant toute sa valeur de la sincérité des paroles et de l’émotion difficilement contenue du nouveau légionnaire. C’est alors que le secrétaire, M. Crouzet se leva pour parler de l’œuvre de M. Domeck en Algérie :

« Mes chers compatriotes et amis,

« La Savoie vient d’être une fois encore grandement honorée dans l’un des meilleurs de ses enfants d’Algérie, dans l’un des plus anciens et des plus fidèles sociétaires de notre Union.

« Notre ami M. Pierre Domeck vient d’être fait chevalier de la Légion d’honneur. La nouvelle a été accueillie dans la colonie savoyarde avec une grande joie et une vive satisfaction. L’accord est unanime pour estimer que cette distinction est la juste et légitime récompense de toute une vie de loyal labeur.

« M. P. Domeck est né le 21 février 1871 à St-Pierre-d’Alvey, petit village du canton d’Yenne. A huit ans, il était orphelin de père, avec deux sœurs et un frère plus jeunes que lui. Il fut donc élevé à l’École du travai] et du dévouement. A l’école primaire du village, ce qui le frappa le plus dans l’histoire, ce fut le récit de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Il eut, tout jeune, l’ambition de voyager et de partir à la découverte de quelque contrée encore ignorée.

« M. P. Domeck a fait son service militaire à Briançon, d’octobre 1891 à octobre 1892. Et le 6 janvier 1893, après avoir tiré les Rois en famille, il fait ses adieux à tous les siens et part pour l’Algérie. Il débute à Fornaca, petit village de l’Oranie. Il travaille avec courage, mais il a vite fait de voir que là n’est pas son avenir.

« Il demande une concession pour sa mère qui en obtient une à Trézel, en Oranie également. Alors il va en France et ramène sa famille et sa femme née Marie Biolley, de Gerbaix, village voisin du sien.

« II s’installe à Trézel et y travaille six années. Puis cherchant un champ d’action plus en rapport avec son courage il laisse sa famille à Trézel et va s’installer à 50 km de là, dans les Hauts-plateaux du Sersou en plein bled, à l’extrême limite de la transhumance des grands nomades. Il est à l’avant-poste de la colonisation. Il monte une baraque en planches pour abriter sa famille et il loue du terrain qu’il cultive. Deux ans après, ayant acheté de la terre, la baraque est remplacée par une ferme en maçonnerie couverte de tuiles. Et tout autour de l’exploitation, s’étendent à perte de vue des vertes emblavures.

« Fils de ses œuvres, arrivé en Algérie sans ressources, il est dans le Sersou, région ingrate aux pluies rares. Malgré des conditions matérielles très difficiles, mais grâce à son intelligente et opiniâtre activité de travailleur honnête et jamais rebuté, il donne une impulsion vigoureuse à l’agriculture en général et plus particulièrement aux céréales et â l’élevage du mouton et du bœuf.

« II donne la mesure de ses grandes qualités par l’application rationnelle et méthodique de nouveaux et excellents procédés de culture qui sont imités avec succès par les nouveaux colons du Sersou où il a créé sept grandes fermes.

« C’est par son rare esprit de décision qu’il a attiré l’attention du Gouvernement sur la colonisation du Sersou. C’est sur son insistance qu’est créé Burdeau, à 270 km d’Alger. Burdeau créé, les colons sont désignés, les plus hardis s’arrêtent à 50 km avant d’y arriver, effrayés par ces vastes étendues inhabitées. C’est M. Domeck qu : décide d’aller les chercher et de les amener de force. Une fois sur place, il les aide de toutes façons pour leur faciliter la tâche : avances de semences, prêts d’attelages, judicieux conseils et autres soutiens que sa modestie lui a toujours empêché de dévoiler.

« II est donc le fondateur de ce joli centre de Burdeau qui devint prospère sous sa sage administration. Ce fut là qu’il exerça sa première fonction élective. Quand il fallut nommer le premier adjoint-spécial du centre, il fut élu à la presque unanimité. Heureux de cette marque de confiance, il convia ses administrés à un repas. Tout le monde y vint, partisans et adversaires. Car il a pu avoir des adversaires, notre ami Pierre Domeck, mais il n’a jamais eu d’ennemis ; sa franchise et sa bonne foi désarment les méchants. On y mangea donc 17 moutons, à ce banquet, pour accompagner le couscous et on y but trois fûts de vin.

« L’unanimité faite parmi ses administrés, il aide de toutes ses forces à la création d’œuvres d’intérêt public, comme celle des docks-silos coopératifs de Burdeau qui peuvent contenir 110 000 quintaux de blé. La population du centre compte 1 700 européens et plusieurs milliers d’indigènes.

« En résumé, M. P. Domeck fait partie de cette petite phalange des premiers pionniers courageux qui ont fait la belle Algérie actuelle et ont maintenu haut et ferme le glorieux prestige de la France parmi les indigènes.

« Promu chevalier du Mérite agricole en juillet 1910, il est nommé officier le 2 février 1929. II a obtenu des récompenses aux expositions de Boufarik, Alger, Paris et Londres.

« Aujourd’hui c’est la grande famille savoyarde qui lui fait fête. Souhaitons longue vie à Mme et M. Domeck et bonheur et prospérité à ses enfants.

« Et levons nos verres, mes chers compatriotes et amis, à l’heureux légionnaire, à sa famille, à la colonie savoyarde qu’il honore, à la colonisation algérienne, à la Savoie et à la France ».

Après de chaleureux applaudissements, les conversations toujours cordiales reprennent, jusqu’au moment où les jeunes réclament la musique.

Bonne et cordiale matinée pour les amitiés savoyardes.

[1Ses prénoms sont Pavine Lucille sur les actes d’état-civil.


Article mis à jour le 15 août 2019