La pagode chinoise est la forme vers laquelle évolue le reliquaire bouddhique qu’on nomme stupa en Inde et dagoba au Sri Lanka. Contrairement au stupa des origines ou au dagoba, l’intérieur de la pagode est accessible par des escaliers mais ne constitue pas un lieu de prière ou de méditation.
La pagode est, de manière générale, un édifice qui signale un monastère. Sous la dynastie Tang (618-907), la Grande pagode de l’Oie sauvage de Xi’an était incluse dans un ensemble monastique entouré d’un mur, le monastère de la Grande Bienfaisance : celui-ci constituait un des secteurs de la ville, alors la plus grande du monde, qui s’appelait à l’époque Chang’an, c’est-à-dire "La paix éternelle".
Sur l’esplanade qui précède la pagode, une statue rappelle que l’histoire de la pagode est liée au moine bouddhiste Xuanzang (602-664), l’un des plus grands traducteurs de sûtras bouddhiques de l’histoire de la Chine. Parti de Chang’an en 629 pour un pèlerinage vers l’Inde, il en revint en 645 avec un grand nombre de textes en sanskrit. Édifiée après son retour, la pagode abrita les manuscrits des sûtras et leur traducteur.
La pagode originale fut construite pendant le règne de l’empereur Gaozong (r. 649-683) et s’élevait alors à une hauteur de 54 mètres. Édifiée en pisé revêtu de pierre, elle s’effondra quelques décennies plus tard. L’impératrice Wu Zetian la fit reconstruire en 704 avec cinq étages supplémentaires. Mais le séisme qui ravagea le Shaanxi en 1556 la réduisit de trois étages pour l’amener à sa hauteur actuelle de sept étages. La Grande pagode de l’Oie sauvage fut alors restaurée par les Ming (1368–1644) puis de nouveau en 1964. Elle s’élève aujourd’hui à 64 mètres.
La pagode est précédée d’un pavillon édifié au sommet d’un escalier. Ce pavillon est une salle de prière devant la figure du Bouddha.
Ci-dessous, émergeant de la végétation, une structure de plan octogonal tranche sur le style de la pagode d’époque Tang à base carrée.
La Grande pagode de l’Oie sauvage est entourée de divers pavillons. L’un d’entre eux est décoré de bas-reliefs en jade de teintes diverses : les scènes qui ornent ses murs relatent des épisodes de la vie du Bouddha.
Un autre pavillon est dédié au boddhisatva Guanyin et un troisième au moine Xuanzang.
Le récit de Xuanzang, intitulé Rapport du voyage en Occident à l’époque des Grands Tang, est d’une exceptionnelle richesse d’information sur le monde chinois à l’époque des Tang et sur l’Inde bouddhique au moment où elle entame son déclin. Ce récit fit l’objet de très nombreuses reprises : la plus connue est un célèbre roman classique, La Pérégrination vers l’Ouest.
Deux légendes concernent le nom de la Grande pagode de l’Oie sauvage. Selon la première, le moine Xuanzang perdu dans un désert au cours de ses voyages aurait découvert une oie qui lui montrait le chemin d’une oasis. La deuxième raconte qu’un jour, un moinillon affamé implorant le Bouddha de lui donner à manger aurait vu une oie tomber du ciel pour exaucer son souhait.