Située à mi-chemin de la piste caravanière du nord du Tarim, la ville de Kucha fut au troisième siècle la capitale du vaste royaume de Qiuci, "l’étape du Couchant" et un grand centre bouddhique. C’était la ville la plus peuplée du bassin du Tarim : elle comptait 70 000 habitants et on y parlait le kouchéen, une langue indo-européenne. C’est de là que partirent pour la Chine de nombreux traducteurs. Kucha marquait en effet une frontière linguistique, en termes religieux : à l’ouest, on lisait les textes en sanscrit et à l’est, en chinois.
Kucha est la patrie de Kumarajiva (343-413) dont le père était brahmane et la mère princesse kouchéenne. Entré dans la vie monastique à sept ans, il entreprit avec sa mère un voyage en Inde à l’âge de neuf ans et acquit une connaissance approfondie des enseignements du Mahayana. À partir de 402, il fut à Chang’an (Xi’an) l’un des premiers traducteurs en chinois de trois cents sutras, dont le "traité de la grande vertu" ou prajnaparamita.
En 630, le moine Xuanzang et d’autres voyageurs dénombraient à Kucha une centaine de temples desservis par 5 000 moines. Les ruines des complexes monastiques de Subashi, à une vingtaine de kilomètres au nord de Kucha, témoignent encore de l’importante activité monastique de la région.
Aujourd’hui, la ville de Kucha est ouïgoure et donc musulmane, à 80 %. Au cœur de la ville ancienne, la grande mosquée, édifiée en 1923, est caractéristique du style ouïgour : son architecture est inspirée des modèles de l’Asie centrale, par opposition à la mosquée Hui dont le style s’inspire de l’architecture chinoise traditionnelle.
La mosquée porte le nom de Molana Ashidin Hodja un pélerin soufi du XIIIe siècle qui repose là. La mosquée était malheureusement fermée le jour de notre visite.