Photographies prises en juillet 2012.
L’ensemble monastique de Fontevraud fut, du XIIe siècle à la Révolution, l’une des plus grandes abbayes bénédictines. Fontevraud est célèbre pour son église abbatiale romane, nécropole dynastique de la famille Plantagenêt, ses cuisines romanes, ainsi que de vastes bâtiments conventuels des XVIe et XVIIe siècles.
L’abbaye Notre-Dame de Fontevraud fut fondée en 1101 par Robert d’Arbrissel, un ermite qui avait reçu du pape Urbain II une mission de prédication apostolique. D’inspiration bénédictine, l’ordre de Fontevraud essaima rapidement sur un vaste territoire allant de l’Angleterre à l’Espagne. On compta plusieurs centaines de prieurés dépendant de l’abbaye de Fontevraud.
L’abbaye fut au départ un monastère mixte, accueillant femmes et hommes au sein des mêmes bâtiments. Elle fut rapidement agrandie en monastère double dans l’esprit de la réforme grégorienne. L’abbaye s’attira la protection des comtes d’Anjou puis celle de la dynastie des Plantagenêt qui en firent à partir de 1189 leur nécropole. Cent ans plus tard, la disparition de l’empire plantagenêt entraîna le déclin de Fontevraud.
À partir du XVIe siècle, des abbesses issues de la famille royale de Bourbon entreprirent la rénovation architecturale d’une grande partie des bâtiments existants et en édifièrent de nouveaux. À la fin du XVIIe siècle plusieurs abbesses qui avaient vécu à la cour introduisirent une certaine vie mondaine à l’abbaye où furent élevées par la suite les quatre plus jeunes filles de Louis XV.
La Révolution française entraîna l’expulsion des religieuses en 1792. Les bâtiments se transformèrent sous l’Empire en un établissement pénitentiaire qui fut, jusqu’en 1963, l’un des plus peuplés de France.
L’ensemble monastique se composait de quatre établissements :
Édifiée entre 1105 et 1165, l’église abbatiale impressionne par sa sobriété et ses dimensions. Elle est construite en tuffeau, une pierre calcaire tendre, extraite à proximité de l’abbaye dans des carrières souterraines.
Elle est constituée d’une nef couverte par quatre coupoles, d’un transept saillant avec deux chapelles orientées et d’un chœur ceint d’un déambulatoire et de trois chapelles rayonnantes. L’édifice a une longueur totale de 90 mètres.
Dans la nef sont disposés aujourd’hui les gisants de quatre membres de la dynastie Plantagenêt : Henri II, roi d’Angleterre, son épouse Aliénor d’Aquitaine qui fut antérieurement reine de France, leur fils Richard Cœur de Lion ainsi qu’Isabelle d’Angoulême, épouse de leur fils cadet, Jean Sans Terre.
Le cloître, de 59 mètres de côté, dessert l’abbatiale, la salle capitulaire, le réfectoire, les cuisines ainsi que les dortoirs.
Le cloître initial, du XIIe siècle, fut reconstruit au XVIe siècle. La galerie la plus ancienne est la galerie sud, construite en 1519 et dotée d’épais contreforts entre lesquels s’ouvrent des arcs géminés en plein cintre.
Les autres galeries, à peine postérieures, furent reconstruites dès 1548.
La salle capitulaire ouvre sur l’aile orientale du cloître. Ses murs sont ornés de peintures réalisées au XVIe siècle qui représentent des scènes de la Passion du Christ.
La forme octogonale du bâtiment des cuisines et sa toiture hérissée de multiples cheminées couvertes en « écailles de poisson » en font une singularité architecturale. Ces "cuisines" pourraient aussi avoir été un fumoir où l’on préparait le poisson, aliment principal des moniales.