Le site de Madeleine et Pascal

Potins du groupement

Le Téméraire, n° 40, 20 août 1943
6 octobre 2019, par Madeleine, Pascal

Quand vient l’heure de remplir les colonnes du journal, l’inspiration se tarit parfois, même après qu’on a sollicité la contribution des groupes.


Excuses

Nos équipes de dessinateurs avaient composé deux grands titres « fantaisie » pour les chroniques de l’un et l’autre Sous-Groupements.
Mais ces messieurs des Sous-Groupements sont si discrets (pour ne pas dire si paresseux) et leurs chroniques si menues (pour ne pas dire inexistantes) que nous avons craint qu’elles ne fussent écrasées sous de pareils titres. Nous les réservons donc pour la prochaine fois.
Ce qui est sérieux dans l’histoire, c’est que nous avons retardé de huit jours la composition de ce numéro pour attendre ces chroniques qui étaient en retard. Tandem mons parturit : enfin la montagne accouche… Hélas ! C’est d’une souris.

De quoi nous plaignons-nous ?

Les ardeurs de la canicule ont parfois des effets autrement sérieux. À preuve cette histoire.
Un homme passe dans la rue un matin au petit jour et voit un individu en chemise qui dépose une cuvette pleine d’eau sur le bord du trottoir.
« Que faites-vous donc dans cette tenue et à pareille heure ?
- Voyez-vous, Monsieur, j’habite au cinquième et comme j’ai envie de me rafraîchir, je vais piquer une tête dans la cuvette.
- Mais, malheureux ! Vous allez vous tuer !
- Soyez tranquille, je ne suis pas assez fou pour plonger à côté. »

Un peu de fraîcheur pour revigorer les esprits accablés

Dans « Après coup », Henri de Man, ancien ministre belge rapporte ce qui suit : Ma mère aimait à raconter que, quand j’avais quatre ans, elle m’avait trouvé, un jour d’hiver, la figure collée contre une vitre et regardant au dehors des moineaux qui sautillaient dans la neige. Interrogé sur les causes de mon chagrin, je répondis : "Ces oiseaux ont si froid aux pieds."

D’un numéro à l’autre

Malgré la chaleur, le monde a continué à tourner et les bébés attendus sont arrivés aux jours prévus.
Le chef Hue a eu une fille : Michèle. (N.D.L.R. Pourquoi ne l’a-t-il pas appelée Ursule ?)
Le chef-ouvrier Prost, un fils : Serge.
L’ouvrier auxiliaire Spinelli, un fils : Paul.
Et l’ouvrier auxiliaire Lafont, un fils aussi, dont nous ignorons le nom. Ça ne nous empêchera pas de lui souhaiter, à lui comme aux autres, tout ce qu’on peut souhaiter à un nouveau-né.

M. l’Aumônier Chartier nous quitte

Après un long séjour au Groupement où il était très aimé, M. l’Aumônier Chartier nous a quittés pour Versailles. Le chef Denis lui a remis, en souvenir de son séjour parmi nous, un crucifix portant la marque du 43.

Un autre départ

Melle Krebbs, ancienne du Groupement elle aussi, nous a quittés également. Jeunes et Anciens du 43 gardent vivants en eux le souvenir du dévouement souriant, obscur et désintéressé dont elle a fait preuve à leur service.

Distinguo

Au groupe 2 a été faite une enquête auprès des jeunes recrues. Le C.A. Fabre nous écrit : « Un paragraphe intéressant est celui où les jeunes disent leurs opinions sur les femmes. Une idée générale : les femmes sont nécessaires aux hommes. Ceci admis, une foule de nuances diverses : un sentimental nous parle sur un ton larmoyant des femmes-êtres charmants ; beaucoup, les précoces, ont déjà eu à se plaindre des femmes et dénoncent la malignité de quelques-unes. Certains évoquent leur futur foyer avec une ménagère souriante et des enfants. Un jeune se pique de citations et nous dit que sans les femmes, nous serions frères. Enfin, un esprit ordonné nous fait une classification, par ordre de préférence, des richesses de notre vie. Les femmes y sont en second rang. Le tabac y est en tête. »

Nous ne sommes pas d’accord avec le C.A. Fabre sur le terme d’« esprit ordonné ». Un esprit ordonné n’aurait pas confondu enquête avec concours de bons mots… Chaque chose en son temps.

Toujours les « Verts »

Fidèle à une tradition à laquelle il n’a jamais manqué, le chef Denis, au lendemain de la dernière incorporation, est passé dans tous les groupes où il s’est entretenu familièrement avec les Cadets. Quelque part, le chef demande à un jeune si la nourriture est suffisante.

« Ce n’est pas qu’elle soit insuffisante, mais s’il y en avait un peu plus…
— Bien sûr, mais il n’y a pas que la nourriture qui fortifie : il y a le grand air des forêts. Il faut l’avaler à pleins poumons. Compris ?
— Oui, chef. »

Et le chef s’adresse à un autre :
« Ça va la santé ?
— Pas trop bien, chef.
— Qu’est-ce qui ne marche pas ?
— J’ai de l’aérophagie, chef. »

Si j’avais été le chef Denis, j’aurais conclu :
« Voilà un mot qui tombe à pic, Vert. »
Mais je sais bien que sur le coup on ne pense pas à tout.

Le Sourcier au « 7 »

Il a décelé, près du foyer, la présence d’une importante nappe d’eau. Le forage d’un puits a été décidé. Notre photo permet de se rendre compte de l’état actuel des travaux.

Le popotier est lamentable !

Toujours au "7". Le jour de l’inauguration du foyer, le popotier était débordé. Il s’embrouilla un peu dans l’annonce du menu : haricots au persil, bœuf à la persillade, nouilles au persil, confiture au persil.

Le chef Leclerc crut bon d’attirer l’attention des convives sur le fait que les serviettes étaient lavées au "Persil". (N.D.L.R. : réclame non payée.) D’aucuns prétendent que l’astuce n’est pas neuve.

Talissieu communique

La récolte de persil dépasse toutes les espérances.

Un peu de botanique

Persil (prononcer persi) du grec petroselinonn, latin populaire petroselinum : genre de plantes dicotylédones de la famille des ombellifères ; ses feuilles luisantes, aux divisions larges, sont utilisées comme condiment. Ce nom est surtout employé pour désigner le petroselinum sativum. Le vulgaire appelle aussi persil d’autres espèces d’ombellifères : persil de bouc (pimpinella magna), persil de Macédoine (athamanta macedonies), persil des marais (cicuta verosa).

En argot parisien, faire le persil signifie faire le trottoir. Vouloir faire son persil : vouloir faire son effet, chercher à se faire remarquer.

Ne pas confondre avec Persil (Jean-Charles), ministre de la justice dans le ministère Molé.

Il ne faut pas laisser les vaches et les chèvres brouter le persil.

Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cette plante, mais nous voici au bas de la page.

Puisse cette fraîche note champêtre sur laquelle nous achevons notre symphonie folâtre redonner appétit et force à ceux dont l’épuisement nous a infligé in extremis ce petit travail supplémentaire.

[/R.V./]


Article mis à jour le 15 octobre 2019