Le site de Madeleine et Pascal

En forme d’éditorial (1)

Le Téméraire n° 38, 15 juin 1943
12 octobre 2019, par Madeleine, Pascal

Dépourvu de titre, cet article, le premier du n° 38, a le statut d’un éditorial.

Sa seconde partie choque aujourd’hui et doit être replacée dans le contexte idéologique et politique de l’époque.


Nous savons que ce sont les fortes familles françaises qui ont fait le Pays et nous croyons que seule la résurrection de l’esprit familial assurera le relèvement du Pays. Mais les familles n’auront aucune chance de redevenir des réalités vivantes tant que ne sera pas muselée cette hydre qu’est l’argent.

À l’intérieur d’une même patrie ne peuvent pas se côtoyer la statue du veau d’or et celle des dieux domestiques.

L’argent n’est pas un ennemi du dehors dont on se méfie. Il exerce sa tyrannie à l’intérieur de nos frontières. Il paralyse tout effort de redressement ; il décourage toutes les tentatives désintéressées. Il nous fait tomber chaque jour plus bas. Devant cet adversaire, comme dit Shakespeare, « la virilité des hommes se change en courbettes, leur valeur en compliments ».

Le scandale de sa puissance ne craint plus de s’étaler au grand jour. Bientôt, il ne choquera plus personne. Tout le monde fléchira le genou.

Quiconque veut s’attaquer à l’argent se retrouve dans l’instant tout nu et désarmé, et le plus désarmé de tous en face de cette omnipotence, c’est le père de famille. Cela est un fait d’expérience.

Aussi, quand on songe à la lutte si audacieuse et si nécessaire qu’a entreprise le Maréchal, on ne peut s’empêcher de songer en même temps à ce qu’avaient inventé nos ancêtres pour défendre leurs familles contre un autre péril, extérieur et brutal celui-là, l’Islam, qui frappait ses grands coups de bélier aux portes de l’Occident.

Ils avaient créé des Ordres Militaires.

Ils ne lésinaient point sur le choix des moyens. Le péril est aussi grand. C’est presque à quelque chose d’équivalent qu’il faudrait recourir pour le conjurer.

On voit un Ordre exigeant de ses membres, avec la hardiesse du guerrier, le désintéressement absolu et la vie solitaire du moine, et leur garantissant autorité légale et indépendance complète.

Un Ordre qui préserve ses membres aussi bien des soucis matériels du foyer que du mol oreiller d’un rêve d’amour.

Un Ordre n’ayant d’autre raison d’être que la défense du droit ; ne connaissant ni jours, ni heures de repos.

Parce que l’injustice crie le dimanche comme la semaine.

La nuit comme le jour.

Voilà à quoi l’on songe...

Et l’on se dit : il y avait bien un collège de Vestales à Rome.

Et l’on a bien trouvé six bourgeois à Calais !...

Reconnaissons que la tâche est rude qu’a entreprise le Maréchal.

[/R.V./]


Article mis à jour le 16 octobre 2019